vendredi 18 décembre 2015

Quelle prison pour une société démocratique et humaniste?

Quelle prison pour une société démocratique et humaniste ?

Compte-rendu de la conférence de Jean-Marie Delarue au Champs Libres (Rennes), mercredi 25 novembre 2015. Conférence organisée dans le cadre des 22e journées Nationales Prison, intitulées « moins punir par la prison pour mieux reconstruire ».

Contrôleur général des lieux de privation de liberté de 2008 à 2014, Jean-Marie Delarue a été le premier à occuper ce poste créé en 2007. La fonction du CGLPL est de « s'assurer que les droits fondamentaux des personnes privées de liberté sont respectés et de contrôler les conditions de leur prise en charge ». Sans aucun pouvoir d'injonction, celui-ci ne peut que former des recommandations mais son champ d'action est très large, couvrant les quelques 5500 lieux privatifs de liberté en France : établissements pénitentiaires, locaux de garde à vue, dépôts de tribunaux, centres éducatifs fermés, zones d'attente, centres de rétention administrative, secteurs psychiatriques des centres hospitaliers et locaux d'arrêt des armées.

Dehors, on ne connaît pas les prisons

Selon Jean-Marie Delarue, le problème principal des prisons est l'ignorance du citoyen « libre » les concernant.
Pourtant, personne n'est à l'abri d'y séjourner.
En effet, seuls 2,5% des détenus sont des individus dangereux, alors que 75% d'entre eux ont des peines de moins d'un an. La durée moyenne d'un séjour est d'environ 11 mois.

Depuis 25 ans, le nombre de détenus excède celui des places en prison. Si dans les établissements pour longues peines, le taux d'occupation ne dépasse jamais les 100%, il est toutefois de 212% et 223% dans deux maisons d'arrêt visitées par les contrôleurs.
Pour palier cette surpopulation, nous pourrions envisager la mise en œuvre d'autres peines pour certaines infractions. Car, comme le dit M. Delarue : « un délinquant routier n'apprendra pas en prison à mieux se comporter sur la route ».

Réintroduction du terme « dangerosité »

Depuis 2005, la notion de « dangerosité » a été réintroduite dans dans notre loi pénale, faisant du crime quelque chose d'intrinsèque à la personnalité. Ce terme, devenu un outil pour prévoir les risques de récidive d'un condamné, est pour Jean-Marie Delarue « un concept juridique lui-même dangereux. »
Les individus considérés « dangereux » sont mis à l'écart sans espoir d'évolution. Cette idée est à l'opposé des conceptions pénales qui ont prévalu depuis cent ans.

Industrialisation de la captivité

Les nouvelles prisons, construites depuis 1987, nous ont fait régresser. En multipliant les conditions de sécurité, ces « machines collectives » agrandissent la distance avec les détenus.
Les nouvelles prisons ont un pouvoir d'accueil de 690 détenus, contre 150 auparavant, faisant de ces derniers de complets anonymes. Une perte de la dimension humaine renforcée par la fonction des surveillants qui ne restent pas plus de 8 jours sur un même poste.
Pour Jean-Marie Delarue, ces prisons tendent à une industrialisation de la captivité, à une massification des prisonniers.

Usage social

La prison a trois fonctions :

1.Punir
2.Assurer la réinsertion des condamnés
3.Prévenir la récidive

Dans les faits, l'usage principal est la punition.
Loin de rétablir et de reconstruire les personnes, la prison les détruit un peu plus.
Cet exil sur place, est une rupture avec soi-même, sa famille, son travail, son identité.
La surpopulation – les détenus peuvent être trois dans 9m2 – engendre également une perte de l'intimité encore plus forte qu'auparavant (la première maladie en prison est la rétention de sels).
Livrés en permanence au regard des autres, les détenus sont dépossédés d'eux-mêmes. Ils n'ont aucune autonomie et sont infantilisés.
Peut-on se reconstruire dans ces conditions ?

Les besoins de sécurité

Les besoins de sécurité l'emportent en prison comme ailleurs.
Malgré la loi de 2009 sur les droits fondamentaux de la personne détenue, c'est la relation personnelle avec le surveillant qui prend le pas sur la loi. L'effectivité de la loi est donc souvent abstraite.
Certaines améliorations peuvent toutefois être observées : des points d'accès aux droits ont été mis en place et les avocats peuvent venir en prison pour les commissions disciplinaires.
Il faut continuer ces efforts d'ouverture de la prison à l'extérieur, c'est la meilleure garantie d'une effectivité du droit. Il faudrait également donner plus d'ambition aux surveillants afin de faire évoluer la conception étriquée de la sécurité et de les libérer de leur seule fonction de « porte-clés ».
Car, pour Jean-Marie Delarue, « Les mesures de sécurité excessives engendrent des violences (dans la société libre aussi). »

La réinsertion

La pénurie de conseillers d'insertion et de probation demeure flagrante.
Il faut accorder plus d'importance à l'aide et à l'accompagnement à la réinsertion et favoriser les liens familiaux des détenus. En effet, seules 40 unités de vies familiales ont été mises en place sur près de 200 établissements pénitentiaires en France.
Jean-Marie Delarue propose également d'introduire un internet contrôlé pour que les détenus puissent envoyer des mails à leurs proches, rechercher un logement et un emploi avant leur sortie.

Radicalisation religieuse

Les derniers événements amènent la question de la radicalisation religieuse en prison.
En effet, la religion est un refuge pour certains prisonniers. Pour répondre à ce besoin, l'état déroge à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat en allouant des subventions pour des aumôniers.
Cependant, la difficulté d'accès des détenus aux cultes est un véritable problème qui touche toutes les religions.
Première religion pratiquée en prison, l'Islam est particulièrement mal desservie. Elle manque cruellement d'aumôniers, d'une part parce que l'administration n'y consacre pas un budget suffisant et d'autre part parce que le conseil français du culte musulman ne sait pas s'organiser pour proposer davantage de candidatures.
Ainsi, dans certaines prisons trouve-t-on des imams autoproclamés qui organisent la prière en défendant des causes extrémistes.
La solution n'est pas, comme certains le proposent, dans le regroupement des personnes radicalisées qui finiront par s'ériger en principauté autonome. Il faudrait réaliser un véritable travail pédagogique, pratiquer l'isolement avec beaucoup de précaution et surtout satisfaire le besoin de religion non radicale. Cela ne « peut que diminuer la violence ».

Les prisons ouvertes ou semi-ouvertes

La seule prison ouverte en France est celle de Casabianda en Corse. Dépourvue de barreaux, de murs d'enceinte et de mirador, cette prison est spécialisée dans l'accueil des délinquants sexuels.
Elle accueille 176 détenus triés sur le volet qui sont à 80% des délinquants sexuels. Tous ont été condamnés à de longues peines et sont volontaires pour venir.
Avant leur transfert, une étude psychologique et pénale de leur situation est menée.
Dans ce domaine de 1800 ha, les détenus travaillent dur : à la porcherie, à la bergerie, à l'écurie ou à l'étable. Les plus robustes sont embauchés à la coupe de bois ou à la lutte contre les incendies. Il y a également des postes à l'atelier de biscuiterie et au moulin.
Au moindre écart, les détenus sont renvoyés dans une prison du continent. Pour Claire Foucet, directrice, « ce système singulier est profitable aux détenus car ils se stabilisent par le travail ».

Depuis quelques années, la France planche sur ce système qui a fait ses preuves en Europe du Nord et en Suisse. Pour Patrick Marest, délégué général de l'Observatoire International des prisons (OIP), le récent engouement pour ces prisons est un « cache-misère ».
Il y voit le risque de mettre les « mauvais » prisonniers dans les prisons les plus dures et les « bons » dans les prisons ouvertes, au bon vouloir de l'administration pénitentiaire. Cette logique de la carotte et du bâton comporterait alors des risques d'arbitraire, dénoncés par le Conseil de l'Europe. Ce dernier préconise deux pistes à explorer : la limitation de la durée des peines et que les atteintes aux biens, sans violence, ne soient plus passibles d'emprisonnement.

Pour Jean-Marie Delarue, il faudrait créer un modèle diversifié comme en Espagne où prévalent les peines de semi-liberté. Il trouve de l'espoir dans la nouvelle génération de directeurs de prison et dans l'évolution de la mentalité des surveillants. Il faut donc continuer l'effort d'ouverture des prisons vers l'extérieur car « chaque acteur positif est moteur de changement ».
Il faut également rediriger les crédits pour rénover les anciennes prisons au lieu de privilégier la voie du modèle unique de structure à 690 places. Les détenus ne doivent plus avoir « le choix entre la crasse et l'isolement ».


Doriane Spiteri


Pour en savoir plus :



jeudi 17 décembre 2015

Sortir de l'état d'urgence

Après l’appel « Nous ne céderons pas ! », une centaine d’organisation ont rendu public le texte « Sortir de l’état d’urgence » au cours d’une conférence de presse, le 17 décembre 2015.
Sortir de l’état d’urgence

En réaction à l’horreur des attentats, l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement, puis aggravé et prolongé pour une durée de trois mois. Nos organisations ont immédiatement exprimé leurs craintes vis-à-vis de ce régime d’exception ; ces craintes sont aujourd’hui confirmées par l’ampleur des atteintes aux libertés constatées depuis quelques semaines. Nous assistons à un véritable détournement de l’état d’urgence qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d’attentat. Ces abus doivent cesser.

La volonté de se rassembler et de manifester ensemble a prévalu après les attentats commis à Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015. Elle prévaut encore. Or, depuis le 13 novembre 2015, les interdictions visant les mobilisations sur la voie publique se multiplient. Manifester n’est plus un droit, et les rares concessions accordées par les préfectures, qui attendent souvent le dernier moment pour informer de leurs intentions, entravent dans les faits son exercice.

Le ministère de l’Intérieur justifie tout cela par son incapacité à sécuriser les parcours alors même qu’il autorise, dans le même temps, les rencontres sportives et des événements tels que les marchés de Noël, qui se tiennent sur la voie publique. L’interdiction des rassemblements et manifestations entraîne la multiplication des arrestations, des gardes à vue, des assignations à résidence, un fichage policier des militants, et, pour quelques-uns,  des condamnations. Qui peut croire que cela soulage les autorités ?
La censure, ici, s’avère doublement contreproductive…

L’état d’urgence autorise par ailleurs des perquisitions sur ordre des préfectures, de jour comme de nuit, en dehors de tout cadre judiciaire, sur le fondement de fiches possiblement erronées, de dénonciations, d’informations et de soupçons sujets à caution. Plus de deux mille six cents intrusions discrétionnaires sont intervenues à domicile, dans des mosquées, des commerces, interventions souvent violentes, sans qu’aucune mise en examen pour terrorisme n’ait eu lieu. Rien n’indique qu’une telle frénésie va s’arrêter, chacun peut en être victime.

Les assignations à résidence se multiplient sur la base de motifs aussi vagues que la présence sur le lieu d’une manifestation ou le fait de « connaître » tel ou tel individu. Ces graves restrictions sont appliquées, sans distinction, et de manière massive, d’autant que les juridictions administratives ont montré qu’elles s’en accommodent, quitte à ce que les libertés en souffrent. Elles reprennent à leur compte toutes les allégations du ministère de l’Intérieur et, comble de la démission, sont nombreuses à considérer qu’il n’y aurait pas d’urgence à statuer sur l’état d’urgence.

L’état d’urgence et le climat de guerre intérieure alimenté par le gouvernement contribuent au renforcement des amalgames et aux pratiques discriminantes, notamment de la part des forces de police. Ce ne sont pas «  les terroristes qui sont terrorisés », ce sont des jeunes et des populations victimes de l’arbitraire en raison de leur origine et/ou de leur religion qui voient leur situation encore davantage fragilisée.

Reprenant à son compte les exigences de l’extrême droite, FN en tête, le gouvernement s’engage honteusement dans une modification de la Constitution visant à étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés en France.

Ces multiples atteintes portées au contrat démocratique sont une mauvaise réponse aux actes terroristes. Notre pays a été blessé, mais loin d’en apaiser les plaies, l’état d’urgence risque de les exacerber en appauvrissant notre démocratie, en délégitimant notre liberté.

Dans ces circonstances, nous appelons les pouvoirs publics à :
  • jouer leur rôle de garants de la défense des droits et des libertés publiques ;
  • rétablir, sans délai, le droit plein et entier de manifester ;
  • cesser les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires et à agir dans le cadre de procédures judiciaires ;
  • mettre en place des garanties effectives de contrôle ;
  • lever l’état d’urgence ;
  • renoncer à une réforme constitutionnelle préparée dans l’urgence et au contenu inacceptable.


Paris, le 17 décembre 2015

Signataires :
AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Altertour, L'Appel des appels, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association des Marocains en France (AMF), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip),  Attac, Cadac, Cedetim, Centre islamique Philippe Grenier (CIPG), Centre de recherche et d'information pour le développement (Crid), CGT-Police Paris, Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif CGT Insertion-Probation (UGFF-CGT), Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP), Collectif Stop le contrôle au faciès, Confédération générale du travail (CGT), Confédération nationale du logement (CNL), Confédération paysanne, Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE),  Collectif Memorial 98, Collectif des musulmans de France (CMF), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Coordination de l’action non-violente de l’Arche (Canva), Coordination des collectifs AC !, Droits devant !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Femmes Solidaires, Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fondation Danielle Mitterrand France Libertés,  Genepi, Ipam, La Cimade, La Ligue de l'enseignement, La Quadrature du Net, Le Gisti, Le Mouvement de la paix, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Minga-agir ensemble pour une économie équitable, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), Observatoire international des prisons (OIP) - section française, Organisation de femmes égalité, Osez le féminisme !, Planning familial, Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'Homme (RaidH), Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), Réseau Immigration Développement Démocratie (IDD), SNPES-PJJ/FSU, Solidaires étudiant-e-s, Solidarité laïque, Sud Intérieur, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat français des artistes interprètes (SFA), Syndicat de la magistrature, Syndicat de la médecine générale, Syndicat national des arts vivants (Synavi), Syndicat national des journalistes (SNJ), Syndicat national unitaire interministériel des territoires, de l'agriculture et de la mer (SNUITAM – FSU), SNJ-CGT, Unef, Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT (UGFF-CGT), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit).

Associations locales et autres :
Asti 93, Collectif 07 stop au gaz et huile de schiste, Collectif BDS Saint-Etienne, Collectif Justice & Libertés (Strasbourg), Collectif Maquis de Corrèze, Collectif Romeurope 94, la revue Ecole émancipée, Espace franco-algérien, Faucheurs volontaires de la Loire, la revue Inprecor, le journal Regards, Réseaux citoyens Saint-Etienne, Vigilance OGM 18.


 

mardi 15 décembre 2015

"J'ai pas voté" documentaire


>Comprendre la crise de sens que nous vivons c'est comprendre ce qui nous relie, ce qui nous incite à reconnaître l'autre dans le respect qui est l'enjeu fondamental du vivre ensemble. C'est poser la question de l'éthique comme centralité, c'est aussi poser la question de notre authenticité et de nos engagements.


Ce docu répond aux questions que nous nous posons sur le vote, la démocratie, l'oligarchie (cf. "l'oligarchie ça suffit vive la démocratie"). Cependant, quelques faiblesses, par exemple la comparaison avec la démocratie athénienne dans laquelles les esclaves considérés comme des biens, les femmes comme des éternelles mineures et les métèques (étrangers), étaient exclus de la communauté politique.
La désaffectation du citoyen, sa  faible participation, est le résultat du rejet d'experts, de technocrates et de politiques animés par un esprit économiste.
Dans la logique d'une politique néolibérale nous assistons à une mutation du discours éthico-politique où le bien commun perd sa valeur collective, où l'on voit les acquis du Conseil National de la Résistance mis à mal par l'ensemble ou presque de la classe politique. Le néolibéralisme s’effectue par une rupture entre le politique et l'éthique, seule compte la régulation économique et l'expansion du juridique.
La solidarité collective, la politique en tant que sujet-citoyen, prônent des valeurs émancipatrices.

Mireille Spiteri

Origine sociale des personnalités politiques françaises

Manuel Valls fils de peintre, François Mitterand fils de chef de gare, Henri Guaino fils de femme de ménage... La suite : http://www.milkipress.fr/2013-04-16-origine-sociale-des-personnalites-politiques-francaises.html



vendredi 11 décembre 2015

Etat d 'urgence : la LdH introduit un recours pour excès de pouvoir

La LDH introduit diverses actions contentieuses contre la prorogation de l’état d’urgence
 
La prorogation de l’état d’urgence ne peut être la réponse aux attentats du 13 novembre, comme la LDH et de multiples organisations ont déjà pu l’exprimer par un appel unitaire du 25 novembre dernier. De multiples mesures prises sur son fondement, telles des assignations à résidence ou encore des perquisitions, ont déjà démontré les dérives inhérentes à ce régime d’exception.

La LDH, représentée par maître Spinosi, a donc décidé d’introduire un recours pour excès de pouvoir à l’encontre du décret du 14 novembre 2015 et de la circulaire du 25 novembre 2015 organisant l’application de cet état d’urgence. A cette occasion, la LDH proposera à la haute juridiction administrative de transmettre au Conseil constitutionnel trois questions prioritaires de constitutionnalité portant sur la conformité des règles régissant l’assignation à résidence, les perquisitions et les restrictions à la liberté de réunion au regard des graves atteintes portées aux libertés fondamentales constitutionnellement garanties.

Parallèlement, la LDH interviendra volontairement ce vendredi en soutien de sept recours contre des décisions d’assignation à résidence portés devant le Conseil d’Etat statuant en référé.

La LDH se réserve en outre la possibilité, en cas de renouvellement de l’état d’urgence, d’engager toute nouvelle action contentieuse à son encontre.

Libérez Khalida Jarrar


Israël: une députée palestinienne condamnée

Un tribunal militaire israélien a condamné Khalida Jarrar, députée et personnalité palestinienne connue, à 15 mois de prison ferme pour "incitation à la violence et au terrorisme", a indiqué aujourd'hui une porte-parole de l'armée.
Khalida Jarrar, 52 ans, a été condamnée dimanche soir par le tribunal militaire d'Ofer (près de Ramallah en Cisjordanie occupée). Cette peine "couvre les huit mois qu'elle a déjà passés en détention", a dit la porte-parole. Mme Jarrar pourrait ainsi recouvrer la liberté au début de l'été 2016. La peine est assortie d'une amende de 10.000 shekels (près de 2600 dollars) et de cinq ans de prison avec sursis, a indiqué Addameer, une organisation palestinienne de défense des prisonniers. Khalida Jarrar a été arrêtée en avril pour "incitation à la violence et au terrorisme" ainsi que pour appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche d'inspiration marxiste), une organisation considérée comme terroriste par Israël.
Israël lui reprochait aussi de ne pas avoir respecté un ordre israélien d'éviction émis en août 2014 de Ramallah et son assignation à Jéricho, en Cisjordanie. Issa Qaraqe, chargé des prisonniers au sein de l'Autorité palestinienne, a dénoncé un jugement "arbitraire". "Il s'agit d'un procès politique. Les charges retenues contre elle ont été fabriquées et sont ridicules. L'argument sécuritaire invoqué par les autorités israéliennes ne tient pas", a-t-il dit.
Khalida Jarrar est membre du Conseil législatif Palestinien (CLP - Parlement) qui ne s'est pas réuni depuis 2007 à la suite de la victoire électorale l'année précédente des islamistes du Hamas face au Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas. Elle a été la première députée du FPLP élue au Parlement et chargée du dossier des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes au sein du CLP.
Agissez :
1. Manifestez devant le consulat ou l’ambassade d¹Israël dans votre région et exigez la libération de Khalida Jarrar et de tous les prisonniers palestiniens. C’est un temps de soulèvement et d’insurrection ­ des manifestations ont lieu dans le monde et sont plus urgentes que jamais.
Organisez un événement public ou un débat, ou incluez le cas de Khalida dans votre prochaine initiative au sujet de la Palestine et de la justice sociale. S’il vous plaît envoyez-nous un message à pour nous informer de votre action.
2. Contactez les autorités gouvernementales de votre pays et exigez qu’elles fassent pression sur Israël pour libérer les prisonniers palestiniens. Dans l’Union Européenne, contactez votre député européen ­ ; vous pouvez trouver icivotre député européen, ou utilisez le lien sur http://freepalestine.eu/ pour à la fois demander la fin de l’Accord d’association UE-Israël et demander que l’UE fasse pression sur Israël pour libérer Jarrar et les collègues prisonniers de celle-ci.
3. Boycott, Désinvestissement et Sanctions. Tenez Israël comme devant rendre des comptes pour ses violations du droit international. N’achetez pas de produits israéliens, et faites campagne pour qu’il soit mis fin aux investissements dans les sociétés qui profitent de l’occupation. Apprenez-en davantage sur le BDS surbdsmovement.net.
Samidoun / 6 décembre 2015

dimanche 6 décembre 2015

L'extrême droite : mieux la connaître pour mieux la combattre


"L'HIVER VIENT"


Nous n'avons plus d'alternative, nous devons aujourd'hui lutter à la fois contre Daech et contre l’Extrême droite islamophobe et contre tous les individus d'où qu'ils viennent qui diffusent ses idées.
La mise en place de l'Etat d'urgence, "L’histoire retiendra que six députés seulement s’y sont opposés " qui risque de passer d'exception à permanent, qui prétend protéger la population, porte atteinte à nos libertés individuelles, associatives ou syndicales, nous promets un avenir bien Brun! "L'Hiver Vient"
La déchéance de nationalité a été défendue par le chef de l'Etat en personne, En agissant de la sorte l'exécutif et la majorité socialiste qui le soutient aveuglément légitime les propositions sécuritaires du FN.
Nous poursuivons la lutte et défendrons toujours les principes d'une société ouverte et fraternelle, c'est pourquoi il nous est nécessaire d'avoir des repères sur les différentes nébuleuses qui composent le mouvement nationaliste français.

Mireille Spiteri
"Quand vous voyez un président de la République tourner le dos à toutes les idées qui étaient les siennes et reprendre les mesures du FN, il y a un côté étonnant, un hommage au FN, qui se trouve crédibilisé » déclare Marine Le Pen. "



À quoi ressemble l’extrême droite aujourd’hui ? Pas facile de répondre. C’est pourquoi, pour la quatrième année, nous proposons sous forme de schéma une cartographie actualisée des principaux groupes ou partis nationalistes, racistes et réactionnaires, regroupés par « famille » suite. http://lahorde.samizdat.net/2015/09/28/cartographie-de-lextreme-droite-francaise-mise-a-jour-2015/

Boutique LDH 5euros


mercredi 2 décembre 2015

Lutte contre le terrorisme : la fin ne justifie pas les moyens

Lutte contre le terrorisme : la fin ne justifie pas les moyens





Notre peine est immense devant les souffrances des victimes, de leurs familles et de leurs amis.
Notre devoir est maintenant de veiller à ce que de tels actes odieux ne puissent se reproduire. Mais comme le dit l’adage, la fin ne justifie pas les moyens.
La France est maintenant soumise à un état d’urgence qui pourrait durer au moins jusque fin février.
Parmi d’autres mesures, les préfets peuvent par exemple :
  • restreindre la liberté d’aller et venir ;
  • interdire le séjour dans certaines parties du territoire à toute personne susceptible de créer un trouble à l’ordre public ;
  • réquisitionner des personnes ou des biens privés ;
  • interdire certaines réunions publiques ou fermer provisoirement certains lieux de réunion ;
  • autoriser des perquisitions administratives en présence d’un officier de police judiciaire.

Ainsi, pour les motifs les plus divers et sans contrôle préalable de la justice, plusieurs dizaines de millions de personnes pourront :

voir la police entrer chez elles de jour et de nuit afin de perquisitionner leur lieu de travail ou leur domicile et prendre une copie du contenu de leur ordinateur ou de leur téléphone mobile ;


- être assignées à résidence si leur comportement constitue « une menace pour la sécurité et l’ordre public » et se voir interdire d’être en contact avec d’autres personnes présentant la même menace.

Nous regrettons que la douleur et la colère puissent faire le lit d’un climat de surenchère sécuritaire inquiétant. Il nous paraît nécessaire de rappeler en cette période le danger de mettre à mal nos libertés fondamentales qui devraient être garanties par l’État de droit.
Craignons l’engrenage que nous avons connu en France lors de la guerre d’Algérie (17 octobre 1961, Charonne...).
C’est pourquoi nous condamnons l’instauration de l’état d’urgence et demandons que l’indispensable lutte contre le terrorisme ne laisse pas la porte ouverte à une extension des pouvoirs de l’État sans aucune garantie judiciaire.


vendredi 27 novembre 2015

"Monsieur le Président, vous êtes tombé dans le piège!"

PARCE QUE LES MOTS SONT IMPORTANTS, NOUS PUBLIONS DANS SON INTÉGRALITÉ L'ARTICLE PARU DANS LE MONDE AFRIQUE.


"Monsieur le Président, vous êtes tombé dans le piège!"
Le Monde.fr Le 16.11.2015 à 12h34



David Van Reybrouck, d’expression néerlandaise, est l’auteur de nombreux ouvrages dont Congo, une histoire (Ed. Actes sud), pour lequel il a notamment reçu en 2012 le prix Médicis dans la catégorie « essai ». L’écrivain et historien interpelle le président français sur le champ lexical guerrier de son discours, samedi 14 novembre, lendemain des attentats qui ont endeuillé Paris. Et sur la surenchère que cela pourrait entraîner.


Monsieur le Président

Le choix extraordinairement irréfléchi de la terminologie que vous avez utilisée dans votre discours de samedi après-midi [14 novembre 2015], où vous répétiez qu’il s’agissait d’un « crime de guerre » perpétré par « une armée terroriste » m’a interpellé. Vous avez dit littéralement :

« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis, près du Stade de France, est un acte de guerre et, face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech [l’acronyme arabe de l’Etat islamique], une armée de terroristes, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète. C’est un acte de guerre qui a été préparé, organisé, planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures que l’enquête fera découvrir. C’est un acte de barbarie absolue. »


Si je souscris pleinement à la dernière phrase, force est de constater que le reste de votre discours est la répétition angoissante et presque mot à mot de celui que George W. Bush a tenu devant le Congrès américain peu après les attentats du 11-Septembre : « Des ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays. »

Déstabilisation de la région

Les conséquences de ces paroles historiques sont connues. Un chef d’Etat qui qualifie un événement d’« acte de guerre » se doit d’y réagir, et de rendre coup pour coup. Cela a conduit M. Bush à l’invasion de l’Afghanistan, ce qui était encore admissible parce que le régime avait offert asile à Al-Qaida. Même l’ONU avait approuvé. S’en est suivi alors l’invasion totalement démente de l’Irak, sans mandat de l’ONU, pour la seule raison que les Etats-Unis soupçonnaient que ce pays détenait des armes de destruction massive. A tort, s’est-il avéré, mais cette invasion a conduit à l’entière déstabilisation de la région, qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

Le départ des troupes américaines en 2011 a laissé le pays dans une vacance du pouvoir. Et c’est peu après, lorsque, dans le sillage du « printemps arabe », une guerre civile a éclaté dans le pays voisin, que l’on a pu constater à quel point l’invasion militaire américaine avait été pernicieuse. Dans le nord-ouest de l’Irak déraciné et l’est de la Syrie déchirée, entre l’armée gouvernementale et l’Armée syrienne libre, assez d’espace s’était manifestement créé pour que se lève un troisième grand acteur : l’Etat islamique, ou Daech.

Bref, sans l’invasion idiote de Bush en Irak, il n’aurait jamais été question de Daech. C’est par millions que nous avons manifesté contre cette guerre en 2003, moi aussi, et la désapprobation était universelle. Et nous avions raison. Cela, non pas parce que nous étions capables de prédire l’avenir, nous n’étions pas clairvoyants à ce point. Mais nous en sommes pleinement conscients aujourd’hui : ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à Paris est une conséquence indirecte de la rhétorique de guerre que votre collègue Bush a employée en septembre 2001.
Et pourtant, que faites-vous ? Comment réagissez-vous moins de vingt-quatre heures après les attentats ? En employant la même terminologie que votre homologue américain de l’époque! Et sur le même ton, bonté divine!
Risque monstrueux
Vous êtes tombé dans le panneau, et vous l’avez fait les yeux grands ouverts. Vous êtes tombé dans le panneau, Monsieur le Président, parce que vous sentez l’haleine chaude de faucons tels que Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen vous brûler la nuque. Et vous avez depuis si longtemps la réputation d’être un faible. Vous êtes tombé dans le panneau. Des élections se préparent en France, elles auront lieu les 6 et 13 décembre, ce ne sont que des élections régionales, mais, après ces attentats, elles seront placées sous le signe de la sécurité nationale, à n’en pointdouter. Vous êtes tombé dans le panneau tête baissée, parce que vous avez fait mot pour mot ce que les terroristes espéraient de vous : une déclaration de guerre. Vous avez accepté leur invitation au djihad avec enthousiasme. Mais cette réponse, que vous avez voulue ferme, fait courir le risque monstrueux d’accélérer encore la spirale de la violence. Je ne la trouve pas judicieuse.

Vous parlez d’une « armée terroriste ». Pour commencer, rien de tel n’existe. C’est une contradictio in terminis. Une « armée terroriste », c’est un peu comme pratiquer un régime boulimique. Des pays et des groupes peuvent avoir des armées ; s’ils ne parviennent pas à en former, ils peuvent opter pour le terrorisme, c’est-à-dire pour des actions ponctuelles dont l’impact psychologique est maximal, au lieu d’un déploiement structurel de forces militaires avec des ambitions géopolitiques.

Mais une armée, dites-vous ? Soyons clairs : jusqu’ici, nous ignorons si les auteurs des faits sont des combattants syriens revenus ou envoyés. Nous ne savons pas si les attentats ont été tramés au sein du « califat » ou dans les banlieues et « quartiers ». Et bien que certains indices laissent supposer qu’il s’agit d’un plan global émanant de la Syrie (la quasi-simultanéité de l’attentat-suicide au Liban et de l’attaque éventuelle d’un avion russe), force est de constater que le communiqué de Daech est venu bien tard, et qu’il ne contient pas d’autres éléments que ceux qui circulaient déjà sur Internet. Ne serait-il pas question de coordination ou de récupération ?

Rhétorique belliqueuse

Pour autant que l’on sache, il pourrait s’agir d’individus incontrôlés, sans doute pour la plupart des citoyens français revenus de Syrie : ils y ont appris à manier des armes et des explosifs, s’y sont immergés dans une idéologie totalitaire, cryptothéologique, et s’y sont familiarisés aux opérations militaires. Ils sont devenus des monstres, tous autant qu’ils sont. Mais ils ne sont pas une « armée ».

Le communiqué de Daech glorifait les « lieux soigneusement choisis » des attentats, vos propres services soulignaient le professionnalisme de leurs auteurs : sur ce point, remarquons que vous parlez la même langue. Mais qu’en est-il, en réalité ? Les trois hommes qui se sont rendus au Stade de France où vous assistiez à un match amical de football de la France contre l’Allemagne semblent plutôt être des amateurs. Ils voulaient sans doute pénétrer dans l’enceinte pour commettre un attentat contre vous, c’est fort possible. Mais celui qui se fait sauter à proximité d’un McDonald’s et n’entraîne « qu’une » victime dans sa mort est un bien piètre terroriste. Qui ne fait « que » quatre morts avec trois attentats-suicides, alors qu’un peu plus tard une masse humaine de 80 000 personnes sort de l’enceinte, est un bon à rien. Qui veut décimer le public d’une salle avec quatre complices sans bloquer les issues de secours n’est pas un génie de la stratégie. Qui s’embarque dans une voiture et mitraille des citoyens innocents et sans armes attablés aux terrasses n’est pas un militaire formé à la tactique, mais un lâche, un enfoiré, un individu totalement dévoyé qui a lié son sort à d’autres individus du même acabit. Une meute de loups solitaires, ça existe aussi.

Votre analyse d’une « armée terroriste » n’est pas probante. Le terme que vous avez employé, « acte de guerre » est extraordinairement tendancieux, même si cette rhétorique belliqueuse a été reprise sans honte aucune par Mark Rutte [premier ministre] aux Pays-Bas et par Jan Jambon [ministre de l’intérieur] en Belgique. Vos tentatives de calmer la nation menacent la sécurité du monde. Votre recours à un vocabulaire énergique ne signale que la faiblesse.
Il existe d’autres formes de fermeté que le langage de la guerre. Immédiatement après les attentats en Norvège, le premier ministre Jens Stoltenberg a plaidé dans détours pour « plus de démocratie, plus d’ouverture, plus de participation ». Votre discours fait référence à la liberté. Il aurait aussi pu parler des deux autres valeurs de la République française : l’égalité et la fraternité. Il me semble que nous en avons plus besoin en ce moment que de votre douteuse rhétorique de guerre.
Traduit du néerlandais par Monique Nagielkopf

lundi 23 novembre 2015

Plus que jamais mobilisé pour le climat

Plus que jamais mobilisés pour le climat: la Coalition climat 21 présente son nouveau plan de mobilisation

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Paris le 20 novembre 2015




Malgré les récentes interdictions de la marche du 29 novembre et des mobilisations du 12 décembre et suite à la décision de prolonger l’état d’urgence, ces deux dates restent des moments clés de mobilisation citoyennes pour le climat.
Le 29 novembre, ça marche encore pour le climat !
Dimanhe 29 novembre, la journée sera placée sous le signe du climat aussi à Paris :

                  -  Des installations artistiques visuelles et sonores permettront de tracer autrement le parcours de la marche.Ces créations permettront d’exprimer nos messages : rappeler l'urgence de la crise climatique mais aussi témoigner de notre solidarité avec les populations qui sont aux premières lignes de la crise et du changement ; le lien entre climat, emploi et justice sociale ; les solutions qui existent ; les responsables à qui profitent le crime climatique, la nécessité de protéger la nature pour protéger le climat et enfin, la masse citoyenne qui appelle à l'action - des groupes religieux à la jeunesse, en passant par les grands parents pour le climat.

               - Se rassembler autrement : en terrasses de café, dans les boulangeries, les coins de rue, les balcons et les fenêtres, et même sur les vêtements, un symbole commun sera proposé pour exprimer son engagement pour le climat.

               - Marche4me.org : un outil inédit qui permettra à tous ceux qui ne peuvent pas marcher ce jour-là, de Beyrouth  à Bamako en passant par Paris, de se faire représenter par tous ceux qui marcheront en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe. Ces derniers représenteront les marcheurs « empêchés » en arborant leurs photos et prénoms dans les défilés.
Le site www.march4me.org permettra ces mises en relation et le déploiement de cette solidarité internationale. Il sera mis en ligne dès le 25 novembre.

La mobilisation sera mondiale à la veille de l’ouverture de la COP21 : les 28 et dimanche 29 novembredes centaines de milliers de personnes de tous horizons marcheront dans les grandes villes du monde pour faire entendre haut et fort leurs attentes à leurs responsables politiques : à Johannesburg, Berlin, Sydney, Kampala, Ottawa, Barcelone,…57 marches sont prévues en tout.
Les 5 et 6 décembre : rendez-vous à Montreuil pour le Sommet citoyen pour le climat
Du 7 au 11 décembre : la Zone d’action pour le climat se maintient au  CENTQUATRE-Paris
Le 12 décembre : nous maintenons l’appel à une mobilisation internationale !
L’Etat d’urgence aujourd’hui c’est aussi l’état d’urgence climatique. Les nécessités minimales pour une planète juste et vivable sont des lignes rouges qui sont depuis longtemps franchies. Le 12 décembre, nous nous mettrons en mouvement pour le rappeler.
Nous souhaitons que le 12 décembre soit l’occasion pour les communautés affectées par les changements climatiques et leurs conséquences de s’exprimer, et nous maintenons donc notre volonté d’organiser des actions à Paris dont nous sommes en train de revoir les modalités au vue des circonstances. Elles seront placées sous le signe de la paix et de la justice climatique. Rien ne nous empêchera de faire entendre nos voix à la fin de de la COP21.   
 @Climat21

vendredi 20 novembre 2015

Un recul des libertés au nom de la défense de la démocratie





Pendant trois mois, pour les motifs les plus divers et sans contrôle préalable de la justice, soixante-six millions de personnes pourront :

  • voir la police entrer chez elles de jour et de nuit afin de perquisitionner leur lieu de travail ou leur domicile et prendre une copie du contenu de leur ordinateur ou de leur téléphone mobile. Pour cela, il suffit qu’il existe des raisons sérieuses de penser que ce lieu est fréquenté par une personne dont le comportement constitue « une menace pour la sécurité et l’ordre public » ;
  • être assignées à résidence si leur comportement constitue « une menace pour la sécurité et l’ordre public » et se voir interdire d’être en contact avec d’autres personnes présentant la même menace.

Le vague des motifs qui pourront être invoqués, qui dépassent de beaucoup la prévention et la répression d’actes de terrorisme, permet à tout gouvernement de s’en prendre au mouvement social dans son ensemble.

Les associations seront aussi responsables des actes de leurs membres puisqu’elles pourront être dissoutes en raison de leur comportement.
ce qui est en cause
Ce n’est pas l’indispensable lutte contre le terrorisme, c’est l’extension dangereuse des pouvoirs de l’Etat sans aucune garantie judiciaire.


Un recul des libertés au nom de la défense de la démocratie? 
Entretiens croisés réalisés par Jérôme Skalski, Vendredi, 20 Novembre, 2015 L'Humanité


http://img.humanite.fr/sites/default/files/styles/abonnez_vous/public/images/39122.HR.jpg?itok=wqjrdd4Q
Après les attentats du 13 novembre, des militaires réquisitionnés sur les Champs-Élysées.
Photo : Bertrand Guay/AFP

Table ronde avec Pierre Tartakowsky, ancien président de la Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen, Florian Borg, président du Syndicat des avocats de France et Dominique Noguères, avocate à la cour et militante du Front de gauche.

Les faits

Les attentats de janvier 2015 avaient entraîné une série de décisions législatives qui avaient suscité l’inquiétude de la part des défenseurs des libertés publiques en France.  

Le contexte 

Les annonces du chef de l’État et du premier ministre à la suite des attentats à Paris et à Saint-Denis seront-elles l’occasion d’une surenchère en vue d’un nouveau recul de l’État de droit selon la logique de la « stratégie du choc » ? Certaines appellent à la vigilance et à la mobilisation citoyenne
Les annonces faites par le président de la République et le Premier ministre concernant la révision de la Constitution et ­l’extension de l’état d’urgence vous semblent-elles compatibles avec notre État de droit ?
Pierre Tartakowsky Le président de la République peut bien évidemment engager un processus de révision constitutionnelle ; il aurait d’ailleurs pu le faire sur d’autres sujets, entre autres sur le droit de vote des résidents non européens aux élections locales. Il n’y a donc rien d’inconstitutionnel dans cette démarche. La méthode, le moment, le contenu, en revanche, ne peuvent que violemment interroger. De fait, l’affaire s’apparente à un « coup », à la fois juridique et politique. Engager une telle démarche dans la précipitation, sous le coup d’une émotion qui, bien que légitime, risque d’évacuer le débat de fond, relève davantage de l’opportunité que du fond. Cela alimente d’une part des interrogations légitimes sur les arrière-pensées politiciennes de la décision. L’objet mis en avant, la sécurité, enclenche d’autre part une logique référendaire, exclusive de la confrontation argumentée, ­notamment sur les enjeux de libertés individuelles et collectives. Bref, cette révision, si elle est compatible avec la lettre de la loi, en trahit profondément l’esprit tant elle risque d’engager un processus d’hibernation démocratique.
Florian Borg L’état d’urgence, rappelons-le, a pour objet de rétablir l’ordre public lorsque ­celui-ci est immédiatement et gravement menacé. Il est légitime lorsque les citoyens sont si durement attaqués, à la veille d’un week-end où ils s’apprêtent à sortir, assister à des manifestations culturelles et sportives, et que l’on ne connaît pas l’ampleur de la menace terroriste en cours. Mais étendre l’état d’urgence, dans la durée comme dans les pouvoirs, déstabilise l’État de droit. Le projet de loi en discussion prévoit non seulement l’extension à trois mois de l’état d’urgence, mais aussi de transférer aux autorités de police les compétences du juge d’instruction et du juge des libertés. Or, le pouvoir judiciaire offre des garanties procédurales à toute personne suspectée, comme aux victimes – notamment le débat contradictoire –, qui n’existent pas dans l’état d’urgence. Le pouvoir judiciaire peut agir efficacement en matière de terrorisme, à condition qu’il en ait les moyens humains. L’option envisagée par l’exécutif, une dérive des pouvoirs vers l’exécutif policier au détriment du judiciaire, est inquiétante. En outre, réviser la Constitution sous le coup de la colère, de la peur ou de l’émotion nous pousse à faire de mauvaises réformes : inutiles en matière de sécurité, dangereuses quant à l’équilibre des pouvoirs. On attendait une ­révision accordant aux résidents étrangers le droit de vote, c’est de déchéance de nationalité dont il s’agit. Les symboles sont durs.
Dominique Noguères L’émotion est toujours mauvaise conseillère. Si les attentats de la semaine dernière nous ont tous bouleversés, les mesures annoncées immédiatement après par le président de la République sont inquiétantes. Modifier la Constitution qui est notre socle commun mérite des débats, de la réflexion et ne peut se faire dans la précipitation. Inclure dans ce texte fondamental l’état d’urgence revient à nier nos principes fondamentaux de l’État de droit car c’est graver dans le marbre un état d’urgence permanent. C’est la constitutionnalisation de l’état d’urgence. Cela est inacceptable même après la tragédie que nous venons de vivre. Les mesures pour assurer la sécurité des Français existent, elles sont dans le Code pénal, ce qu’il faut, c’est donner les moyens de leur mise en œuvre. Une justice efficace, qui lutte contre le terrorisme sans mélange des genres, c’est savoir ce que l’on appelle le terrorisme et ne pas mélanger des actions syndicales ou militantes avec les vraies attaques terroristes, rendre donc de la crédibilité aux mots. Or l’état d’urgence, c’est la mise à l’écart du pouvoir judiciaire, c’est-à-dire pouvoir enfermer, priver de liberté, arrêter toute personne sans jugement, quelque fois sur un simple soupçon. Dans une démocratie, la justice est un pilier fondamental et la contourner, c’est ouvrir la voie à l’arbitraire. Non, nous ne sommes pas en guerre, à l’évidence, il s’agit ici de manœuvres politiciennes. Je suis certaine que la lutte contre le terrorisme passe par une autre voie, celle de l’État de droit et de la démocratie citoyenne.

Que penser de la proposition d’instaurer une procédure de déchéance de la citoyenneté française pour les binationaux ? N’est-elle pas en contradiction avec le principe d’égalité républicaine des citoyens à la base de notre pacte républicain ?
Dominique Noguères Sous Nicolas Sarkozy, la polémique avait été lancée. Depuis, quelques cas ont été portés devant le Conseil constitutionnel. Ces mesures, si elles sont juridiquement contestables, n’en sont pas moins inefficaces en matière de sécurité. Ce sont plus des effets d’annonce que des mesures propres à assurer la sécurité des Français. Jusqu’à présent, ces ­mesures n’ont été appliquées qu’à des personnes déjà jugées pour des faits liés au terrorisme. Elles ne sont en aucun cas préventives et ne sauraient empêcher la commission de tel ou tel acte. Par contre déchoir de la nationalité des binationaux revient en fait plus à stigmatiser une partie de la population qu’à assurer la sécurité des Français, avec le risque de produire les effets inverses de ceux que l’on attend.
Florian Borg Cette mesure n’aura aucune efficacité concrète en matière de sécurité et donne raison à tous les partisans de la stigmatisation de l’autre. Face au terrorisme qui porte atteinte à nos libertés, nous n’avons pas besoin de fuite en avant sécuritaire, mais d’un pouvoir responsable, qui réaffirme les valeurs fondamentales de notre démocratie, les libertés et l’égalité. Nous avons également besoin de moyens pour lutter contre tout extrémisme au sein de la ­société, par des politiques sociales et éducatives, ambitieuses, protectrices et égalitaires.
Pierre Tartakowsky Cette proposition, puisée dans les tréfonds de la boîte à outils de la droite la plus xénophobe, relève hélas à la fois de la comédie, du drame et de la tragédie. Comédie, car chacun comprend bien que sa charge dissuasive est nulle par rapport à l’objet. Un individu décidé à tuer, quitte à en mourir, se moque évidemment de se voir déchu de sa nationalité. La déchéance, qui existe et s’applique aujourd’hui à un nombre limité de cas, n’a, qu’on sache, rien empêché. Elle a en revanche soulevé des problèmes « techniques » car on ne peut légalement renvoyer dans « son » pays un déchu qui y serait en danger. Le drame, c’est que la reprise de cette proposition rancie alimente tous les fantasmes sécuritaires sur une validité supposée des doubles peines. Or, c’est bien de cela dont il s’agit, avec, là encore, inefficacité et injustice à la clé. Il est enfin tragique de voir un gouvernement républicain valider une proposition porteuse d’une formidable xénophobie explicite. Distinguer entre les « nés français binationaux » et les autres revient à épouser la thèse d’extrême droite sur les « Français de papier », autrement dit, à créer une catégorie de « faux Français », tout en validant l’idée que les périls seraient uniquement exogènes. Cette dynamique divise là où il faut rassembler. Elle ne peut dériver que vers le pire.

Quelles réformes engager dans le sens d’une réponse républicaine et démocratique à la menace terroriste ?
Pierre Tartakowsky Il n’y a pas de panacée. Rappeler en permanence qu’en la matière il n’y a pas de risque zéro est indispensable si l’on veut mener un débat public dégagé des calculs opportunistes et politiciens, permettant de comprendre la réalité complexe et l’ampleur du phénomène. Sans cette compréhension, on se condamne à des postures et des promesses dont l’expérience montre qu’elles sont aussi spectaculaires que contre-productives. Combattre le terrorisme suppose une mobilisation de la société tout entière, sur l’ensemble des champs où se jouent sa cohésion, l’image qu’elle se fait d’elle-même, la maîtrise de son devenir collectif. Le militaire n’y suffit pas, surtout lorsque ses cibles sont mal définies ou changeantes et la militarisation du débat public répond aux objectifs stratégiques des terroristes en ce qu’elle les légitime. Il faut évidemment du travail de police, de justice et de renseignement. Remarquons à cet égard que la focalisation sur les écoutes de masse, au détriment du travail de terrain, vérifie que ce qu’on perd en liberté, on le perd aussi en sécurité. Enfin, et c’est là un travail de fond, il faut travailler à reconstruire une société solidaire et fraternelle, en s’attachant à la dimension concrète de la promesse républicaine d’égalité, singulièrement dans les domaines de l’éducation et du travail. Soyons clairs, aucun de ces aspects ne peut en lui-même suffire ; mais leur combinaison est indispensable.
Florian Borg Face à tant de victimes et de douleur, le niveau de sécurité a besoin d’être renforcé, ce n’est pas discutable. Mais nous pensons que tout renforcement de la sécurité doit s’accompagner d’un accroissement des garanties en matière de liberté. Il est essentiel que des institutions indépendantes (Cnil, CNCTR, CNCDH, défenseur des droits, contrôleur des lieux de privation de ­libertés, par exemple) puissent disposer des compétences, des moyens et de toutes informations nécessaires pour contrôler tant l’efficience des mesures de sécurité que le respect des libertés fondamentales. Enfin, nous devons opposer au terrorisme notre culture démocratique et la réaffirmer, sans quoi nous aurions perdu l’essentiel. Dans ces conditions, il n’est pas acceptable d’opposer l’unité nationale à ceux qui discutent des mesures proposées. Cette unité n’existe que parce que nous pouvons débattre démocratiquement. Il n’est pas possible non plus de limiter le débat citoyen comme cela est prévu pour la COP21 : un tel enjeu de société doit permettre aux chefs d’État comme aux citoyens de s’exprimer. Le droit d’exprimer son avis en toute sécurité doit être le même pour tous.
Dominique Noguères Depuis des décennies, l’État a déserté des territoires entiers en supprimant des services publics, en abandonnant des ­populations et en les livrant à elles-mêmes au mieux, à des groupes de pensée au pire, dont nous voyons aujourd’hui le résultat. Redonner toute sa force à un vrai travail d’éducation ­populaire, citoyen et civique, construire un discours contre l’embrigadement bien évidemment, mais donner aussi un espoir à des populations laissées-pour-compte et redonner de la dignité est indispensable. Il faut aussi donner des pouvoirs conséquents à la justice pour qu’elle puisse faire son travail, et permettre aux juges chargés d’instruire les affaires de terrorisme d’être à égalité de moyens avec les services de renseignements. Cela passe par une réflexion profonde sur le fonctionnement des services de renseignements et sur celui des juridictions antiterroristes. À l’heure d’une austérité prônée à chaque instant, il est urgent de donner des moyens pour une lutte efficace et forte contre le fascisme, tel qu’il est revenu aujourd’hui. Enfin, et ce n’est pas rien, il faut s’attaquer aux vraies racines du mal, modifier radicalement notre politique étrangère qui, depuis des années, joue avec le feu, choisir nos alliés non pas en fonction de contrats mirobolants, mais dans un souci de soutien solidaire aux mouvements démocratiques qui résistent et se battent dans le monde entier pour une humanité plus solidaire.
Stratégie du choc


« Un traumatisme collectif, un coup d’État, une catastrophe naturelle, une attaque terroriste plongent tout un chacun dans un état de choc. C’est ainsi qu’après le choc, tel un prisonnier dans un interrogatoire, nous redevenons des enfants désormais plus enclins à suivre les leaders qui prétendent nous protéger », écrit Naomi Klein dans la Stratégie du choc.La Montée d’un capitalisme du désastre (Actes Sud, 2008). Un livre à lire ou à relire d’urgence.