Le
journaliste a totalement fait l’impasse sur les arguments et
explications avancés pour étayer cette position.
L’illusion que le progrès scientifique et technique permettrait une protection contre tous les risques du début à la fin de la vie conduit à accepter des restrictions des libertés et des atteintes à la vie privée. Obsession contemporaine, l’idéologie du risque zéro est inefficace, elle détruit le lien social en organisant la peur de tous contre tous.
La
banalisation de la surveillance passe également par l’installation
de caméras dans les rues, pour le plus grand profit des sociétés
de sécurité qui les fabriquent les installent et les entretiennent.
L’État est fortement impliqué dans
le développement des systèmes de vidéo-surveillance en participant
à hauteur de 50% au financement des frais d’installation, mais
les aides au financement piègent les communes qui « oublient »
les frais de fonctionnement annuels.
Projet
de caméras au Parc Angers de Redon : Dans le programme d’action
de prévention de la délinquance, l’action de la police municipale
dans son descriptif cite : « à Redon 3000 scolaires se
rassemblent sur le Parc Angers le matin et le soir. Il
se produit souvent du chahut et cela provoque un sentiment
d’insécurité. » On
croit rêver !!!
" La volonté
de surveillance des citoyens par l’État au nom de l'ordre public
n'est pas nouvelle mais aujourd'hui elle est exacerbée par
l'obsession sécuritaire : inflation des fichiers de police (36
en 2006 plus de 80 en 2012), avec plus de 42 lois sécuritaires en
10 ans " (Hommes et
libertés,
Journal mensuel de la LDH)
Pudiquement
baptisée vidéo-protection, la population perçoit mal l'enjeu majeur
pour les libertés publiques. Nous pensons que pour des questions
aussi importantes sur les libertés et la vie privée, les citoyens
doivent être consultés et pleinement informés.
La justice a été
expulsée de son rôle constitutionnel de gardien des libertés qui
lui permettait de contrôler l'immense pouvoir de la police. Pour SORTIR
DE LA SOCIÉTÉ DU SOUPÇON, il faudrait installer une autorité
indépendante sur le fichage, créer un Conseil National des
Libertés, qui contrôlerait la multiplication des fichiers, limiterait la durée d'inscription (actuellement de 25 à 40 ans) et permettrait à chacun l'accès à toutes ses données personnelles
avec recours à un juge indépendant.
Nous voulons
résister à la société du soupçon et aux discours de haine. La
LDH entend contribuer activement au développement d'une prise de conscience et d'intervention citoyenne
afin de refuser que des avancées scientifiques et techniques soient
détournées par les tenants du contrôle social ou de l'idéologie
sécuritaire.
LA SOCIÉTÉ DU SOUPÇON C'EST AUSSI L'EUROPE
Projet
INDECT , ACTA : Le rideau de fer sécuritaire européen Indect
mobilise des dizaines de chercheurs scientifiques subventionnés par
l'Union Européenne à hauteur de 10,9 M£ afin de créer des
systèmes informatiques « intelligents » pour
repérer les « comportements suspects » dans les images
enregistrées par les caméras de vidéo-surveillance ainsi que dans
les données et fichiers que nous échangeons sur internet.
Comportements jugés suspects: Un “cri puissant” combiné avec “des poings brandis” et une “personne chutant” constitue un scénario permettant de prédire une agression. Des “gesticulations excessives” et des “regards alentour permanents” peuvent indiquer un comportement nerveux, qui, conjugué avec “porter des lunettes de soleil ou une capuche par un temps inapproprié” peut signifier un vol ou un scénario terroriste, etc.
Pour ceux qui veulent en savoir davantage:
QUAND LE RÉEL RATTRAPE ET DÉPASSE LA FICTION : LA BIOMÉTRIE
« C'est
de la technique que viennent les impératifs moraux d'aujourd'hui et
ceux-ci ridiculisent les postulats moraux de nos aïeux, éthique
individuelle mais aussi
l'éthique sociale » *
Contrairement
à l'identification de papier, la biométrie est la vision corporelle
de l'identification, ou plutôt de parcelles corporelles (goutte de
salive, cheveu, squames de peau, etc...), mais aussi d'images
incorporelles comme la capture de l'iris. L'identifiant n'est plus un
homme mais une machine. Plus de face-à-face homme/homme, plus
d'échange de papiers et de paroles, seulement la confrontation
homme/machine. Derrière la réalité de l'identification biométrique
une économie florissante et un énorme potentiel de croissance.
« Politiquement
nous allons vers la convergence des systèmes. Elle ne va pas dans
le sens d'une liberté de l'homme, mais dans celui d'un totalitarisme
des instruments » *