A
partir des années 70, un travail idéologique prend place s'appuyant
sur les menaces identifiées par la Défense nationale (subversion,
fondamentalisme, incivilités, violences urbaines, mafia, trafics
d'armes et de drogues, communautarisme, terrorisme). On parle
d'ennemis intérieur, c'est une sorte de guerre dans la population.
« Afin
de faire collaborer les classes populaires avec la répression,
l'idéologie sécuritaire insuffle la peur, pour mettre en place un
ordre sécuritaire militaro-industriel avec un système de contrôle
où coûts et profits sont
rationalisés… Les idéologies sécuritaires
orientent en réalité des stratégies politiques susceptibles de
profiter à ces industries. »(1)
« La
peur a la particularité de s'entretenir elle même si on la passe
sous silence, mais aussi de se propager si on en parle. Le politique
se sert généralement de la peur, sans chercher à la démonter. Il
peut la nier, l'utiliser ou la consacrer c'est à dire en faire une
composante intangible du contexte social. Il s'appuie sur elle pour
élaborer des lois et des règles qui visent à obtenir une
obéissance civique en utilisant l'irrationnel plutôt que la raison…
Le débat est un moyen de dépasser la peur. »(2)
L'idéologie
sécuritaire est chargée de désigner les nouvelles menaces et de
légitimer le développement des marchés de contrôle. La
surveillance et l'enfermement jusque là réservés à l’État
deviennent des marchés (prisons, caméras, sociétés de sécurité,
centres de rétention pour migrants, boites noires).
Les
idéologues comme Alain Bauer tendance Rocardienne, le Monsieur
Fichiers de Polices sous Sarkozy, joue un rôle prédominant dans la
promotion d'une idéologie sécuritaire au sein du P.S. Il n'a pas
peur de collaborer avec Xavier Raufer l'un des fondateurs d'« Ordre
Nouveau », activiste néofasciste, avec lequel il publie
plusieurs livres, annonçant toujours plus de menaces.
Les
sociétés de sécurité entretiennent souvent des liens étroits
avec l’extrême droite, à l'exemple du « 104 » haut
lieu culturel parisien dont l'appel d'offre a été remporté par une
entreprise de sécurité privée « Vendôme Sécurité »,
dirigée par Axel Loustau, membre du Front National. Le service
d'ordre du F.N « DPS » ne cache pas lui aussi ses liens
avec « Ambassy Sécurité » qui fut gérée par Gilles
Serou, lequel avec Gilles Soulas fondent la maison d'édition SEDE
ainsi que la librairie néonazie l'AEncre. Ces milices ne font pas
que de la sécurité, elles ont souvent servi à faire de
l'espionnage, à briser des grèves ou à faire de la provocation en
banlieue pour l'instrumentaliser politiquement.
Dans
ce monde de terreur douce, en opposition aux société de terreur
sanglante (régime totalitaire), il s'agit de garder le sentiment
illusoire de liberté en livrant les humains à la surveillance des
machines ( caméras, moteur algorithme dit boite noire). Comme le
projet INDECT lancé en 2009 par l'Union Européenne dont le but est
de supprimer toute subversion humaine. Ce projet a l'ambition
d'anticiper un comportement criminel (comme les boites noires). On
appelle cela l'analyse prédictive comportementale. Certaines
attitudes, tics, postures, gestes brusques, pourraient former les
schémas récurrents et identifiables qui précèdent un acte
criminel.
Le
lanceur d'alerte Edward Snowden affirme : « ces
programmes n'ont jamais été conçus en réaction au terrorisme ;
il s'agit d'espionnage économique, de contrôle social et de
manipulation diplomatique. C'est une question de pouvoir. »
Il
ne faut pas oublier que si le sentiment d'insécurité (donc la peur)
augmente avec la précarisation et l'isolement social, il disparaît
quand s'organise l'entraide et la solidarité… et le débat.
Mireille
Spiteri
(1) Mathieu Rigouste, Les Marchands de peur, Libertalia, 2013.
(2) Denis Kermen,
Débat « Libertés et dérive sécuritaire » LDH Rennes,
04 mai 2015.