Communiqué commun
Bruxelles, le 24 avril 2015
En
ce mauvais jour du 23 avril 2015, le Conseil européen qui devait enfin
« agir » sur une situation « dramatique » en Méditerranée, s'est
contenté de tenter de mettre l’Union européenne et ses États membres à
l’abri des migrants en renforçant la protection de ses frontières.
A
ces milliers d'êtres humains, femmes, hommes et enfants qui risquent la
mort, et souvent la trouvent, en tentant de rejoindre des lieux pour se
reconstruire et vivre, les chefs de gouvernement européens, réunis à
grand bruit, n'ont eu qu'un seul message à leur envoyer :
« Sécurité ! ». Ils n'ont pas cherché à sortir d'une concurrence entre
les Etats membres, essayant chacun de prendre le moins possible des
migrants après avoir rejeté tous les autres. Quant au mot « accueil »,
il ne fait pas partie du vocabulaire des chefs de gouvernement.
Lutte
contre l’émigration avec l’appui des pays tiers, reconduite à la
frontière, refoulement, rétention dans les centres spécialisés,
pénalisation de l'entrée... Voilà ce que vont connaître les survivants
quand elles et ils auront fini de compter leurs morts. Le Conseil
européen en prenant ces mesures honteuses considère que sa
responsabilité n’est pas engagée. Il ajoute ainsi aux morts son propre
déshonneur.
Les
associations et organisations qui à travers l'Europe défendent les
droits de toute personne à vivre quelque part en sûreté, ne peuvent
l'accepter et décideront dans les semaines à venir des moyens pour
s'opposer à cette politique mortifère.
Une
pétition initiée par la section LDH de l’EHESS, le Collectif de soutien
de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-e-s et qui peut être signée
en ligne ici :
« Un appel à Monsieur Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur et à Monsieur Manuel Valls, Premier ministre
3 419 migrantes et migrants morts en Méditerranée en 2014, 300 dans la seule seconde semaine de février 2015 au large de Lampedusa : s’y sont ajoutés 400 disparus le deuxième week-end d’avril, 40 nouveaux morts mercredi dernier et 700 naufragés ce
troisième week-end, tel est le dramatique bilan de la politique de
fermeture des frontières menée par l’Union Européenne, de Ceuta et
Mellila en face de Gibraltar au fleuve Evros en Grèce du Nord.
La
France n’échappe à cette politique d’érection de barrières physiques et
répressives opposées à migrantes et migrants. Non pas en
Méditerranée, mais à Calais où tous les campements de fortune de migrants viennent d’être évacués pour être réunis loin de tout, dans un « bidonville d’Etat » soumis à un constant contrôle policier. »
Texte de la pétition
«
La politique concertée de rejet des migrants et des migrantes menée par
l’Union européenne a provoqué, depuis le tournant du siècle, la mort de
plus de 22000 migrantes et migrants en Méditerranée. Le nombre des
disparus pour ce seul début du mois d'avril 2015 s'élève à plus de
1100. Quant aux survivants, ils sont confinés dans des camps de
rétention quand ils ne sont pas jetés à la rue dans le dénuement le plus
total ou quand il ne sont pas regroupés dans une "bidonville d'Etat"
comme c'est le cas désormais hors de Calais.
Ne
faut-il pas dénoncer un crime contre l’humanité tel que le définissent
les conventions internationales que la France a signées ?
Quoi
qu’il en soit, depuis l’été dernier les associations de soutien aux
migrants actives à Calais n’ont fait qu’appeler l’attention des
autorités politiques et du public sur les conditions d’insoutenable
insalubrité et de promiscuité inadmissible régnant dans d’aléatoires
campements de fortune, régulièrement évacués et détruits par les forces
de police.
À notre tour nous demandons à Monsieur Bernard
Cazeneuve, Ministre de l’intérieur (avec copie à Monsieur Manuel Valls,
Premier Ministre), qu’il fasse cesser à Calais et dans le Calaisis toutes les mesures répressives prises à l’égard de migrantes et des migrants,
et qu’à l’égard de ses collègues de l’Union européenne il tienne enfin
les engagements humanitaires pris à l’issue de sa visite du 3 novembre
2014 à Calais même. »
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