Dimanche 30 novembre 2014 l'Organisation Internationale de la
Francophonie (O.I.F) tenait son sommet à Dakar. Avec 274 millions de
francophones dans le monde, l'Afrique est le premier continent
francophone.
Si
le français a d'abord été pour les Africains la langue de
l'oppression coloniale, force est de constater qu'aujourd'hui une
création littéraire, cinématographique,
musicale de grande qualité rend compte des multiplicités culturelles. Cependant dans
les pays où le français est la langue officielle des médias, des
affaires, de l'administration et de l'enseignement,seule une petite
minorité en possède la maîtrise car la langue française est
ignorée de la grande majorité des populations. Il se crée ainsi
une élite coupée des réalités et intérêts populaires (déni
démocratique). Domination linguistique mais aussi économique et …
militaire.
Les
politiques menées, inféodées à la France, Belgique, Canada,
Luxembourg, génèrent des flux migratoires mortifères. Les intérêts
vitaux des états africains francophones ne sont pris en compte
qu'afin de faire fructifier des échanges inégaux. Mainmise des
multinationales françaises sur les secteurs clés des économies
africaines : mines (contrat sur l'uranium au bénéfice d'Areva
conclut par le président Sarkozy en 2009 à Kinshasa), mainmise sur
l’électricité, l'eau potable, les communications, les infrastructures, les transports, les banques. Les entreprises minières
canadiennes, pillent allègrement le Congo.
La canadienne Michaëlle Jean est à la tête de la francophonie. Pour la première fois de l'histoire de l'O.I.F un pays du nord en prend la direction.
Nous avons entendu la voix de la ministre des affaires étrangères du Rwanda Louise Mushikiwabo qui regrette le ton paternaliste du chef de l’État français: « je trouve ça gênant qu'un président qui est avec ses pairs, ici au sommet de la Francophonie ne vienne pas discuter avec eux, mais dicter ce qui devrait se passer dans leur pays ».
La canadienne Michaëlle Jean est à la tête de la francophonie. Pour la première fois de l'histoire de l'O.I.F un pays du nord en prend la direction.
Nous avons entendu la voix de la ministre des affaires étrangères du Rwanda Louise Mushikiwabo qui regrette le ton paternaliste du chef de l’État français: « je trouve ça gênant qu'un président qui est avec ses pairs, ici au sommet de la Francophonie ne vienne pas discuter avec eux, mais dicter ce qui devrait se passer dans leur pays ».
Nous nous devons de faire prévaloir le respect et
la dignité des peuples africains.
Mireille Spiteri
Communiqué LDH
Paris,
le 27 novembre 2014
Il y a soixante-dix ans, massacre à Thiaroye (Sénégal) : la France doit reconnaître ses responsabilités
Il
y a soixante-dix ans, à Thiaroye, près de Dakar, plusieurs centaines de
tirailleurs africains démobilisés qui demandaient le paiement de leur solde de
captivité, prévue par les textes en vigueur à leur départ de France, ont été
qualifiés de « mutins ». La
Ligue des droits de l’Homme demande à la France de reconnaître les
faits et d’assumer ses responsabilités.
Ces
faits sont établis. Des dizaines de soldats ont été tués et blessés,
d’autres condamnés. Ils étaient de retour en Afrique après avoir été
appelés en 1940, pour défendre la
France, puis détenus sur son territoire par les nazis qui
refusaient qu’ils le soient en Allemagne. Le 1er décembre
1944, ils ont subi une répression brutale qui a fait plusieurs dizaines de
morts, suivie d’un procès où trente-quatre d’entre eux ont été
lourdement condamnés.
Le
silence officiel sur cet événement a commencé à être levé en 2004 par les déclarations
de l’ambassadeur spécial, Pierre-André Wiltzer, dépêché à Dakar par le
président Chirac pour la première Journée du tirailleur. Puis, par celles du
président Hollande qui, avant de se rendre au Sommet de la francophonie de
Kinshasa, a regretté à Dakar, le 12 octobre 2012, cette « répression sanglante ».
Les recherches récentes des historiens, notamment celles de
l’universitaire Armelle Mabon, de l’université de
Bretagne-Sud-Lorient, et d’un chercheur auteur d’une thèse à
l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Martin Mourre, conduisent
à une meilleure connaissance des faits et amènent la Ligue des droits de
l’Homme à demander aux autorités françaises de reconnaître clairement les
injustices commises.
Plus
d’un millier de tirailleurs embarqués à Morlaix, le 5 novembre 1944, sur
le « Circassia », et arrivés le 21 novembre, à Dakar, ont été spoliés
des trois quarts de leur solde de captivité prévue par les textes officiels. Et
quand, le 28 novembre, ils ont demandé à recevoir ce qui leur était dû, ils ont
été considérés en état de rébellion. L’armée a ouvert le feu sur eux, et
justifié cette répression en prétextant des tirs de leur part.
En
réalité, à ces tirailleurs qui avaient passé plus de quatre années en France,
lié connaissance avec des Français de métropole, et, pour certains, rejoint des
groupes de Résistants après le débarquement de Normandie, il s’agissait
de faire comprendre qu’ils devaient réintégrer en Afrique française leur
statut d’indigènes. Pour cela, selon le mot du général commandant les
troupes coloniales à Dakar, un « coup de bistouri »
douloureux était nécessaire. Comme lors des massacres de Sétif et Guelma en
Algérie, quelques mois plus tard, il s’agissait d’ôter à ces
colonisés toute idée d’émancipation.
Soixante-dix
ans après, la LDH
estime que la France
s’honorerait à reconnaître clairement les faits. A l’occasion du
Sommet de la francophonie à Dakar, elle demande aux autorités françaises :
-
de rendre publique la liste nominale des tirailleurs à bord du
navire « Circassia » parti de Morlaix, le 5 novembre, et
arrivé à Dakar, le 21 novembre 1944 ;
- de reconnaître la spoliation dont ont été victimes ces tirailleurs des trois
quarts de la solde de captivité qui leur était due ;
- d’exprimer les regrets officiels de la France pour la répression
qui les a frappés à Thiaroye, le 1er décembre 1944 ;
- de rendre publics les noms des morts et des blessés qu’elle a faits
parmi eux ;
- de s’engager au paiement aux descendants de
ces tirailleurs du complément de solde dont ils ont été
spoliés ;
- de transmettre à la Cour
de cassation la demande d’annulation sans renvoi des condamnations
prononcées en février 1944 par le tribunal de Dakar.
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