Les Roms
Il est en Europe, une population mal aimée. Elle compte plus
de 15 millions de personnes. Elle s’est installée en Europe voici sept
siècles. Elle est originaire du nord de l’Inde. Elle interpelle, par son mode
de vie, tous les peuples de la Terre.Les Roms nous posent des questions politiques et
philosophiques. Ils ont subi, comme les Juifs, un génocide de la part des
nazis. Ils ont connu, en Roumanie, comme les Noirs des siècles d’esclavage. Ils
s’affirment comme « une nation sans territoire ». Ils contestent à
tout homme de droit de la propriété individuelle du sol. Ils ne sont pas
nomades mais mobiles, car souvent déplacés ou pourchassés. Par leur nombre, les
Roms constituent, pourtant, la première minorité culturelle d’Europe.
On
les trouve aussi dans les Amériques et d’autres continents. Ils ont une
représentation auprès des Nations Unies. Ils ont une délégation auprès du
Conseil de l’Europe (47 Etats). Une eurodéputée romni, hongroise, siège au
Parlement de l’Union européenne.Les Roms sont rejetés, bannis, exclus parce qu’ils ne
s’intègrent pas. Ils ont une identité culturelle forte qu’ils ne veulent pas
abandonner. Leur grande peur est de devenir des Gadjé. Ils font douter les
Gadjé de leurs certitudes. Ils vivent parmi les Gadjé, mais pas comme eux. Leur
vie proche de la nature, incontrôlable, est jugée suspecte.
On les a tenus pour
des « voleurs de poules » ou pire « d’enfants ». Leur
pauvreté ou leur richesse étonnent.
Les Roms n’ont pas le drapeau d’un Etat, mais un emblème, celui d’une nation.
Ils ont un hymne « Gelem, Gelem » qui est un cri contre le malheur.
Les premières questions que nous posent les Roms sont d’ordre
anthropologique. Comment est-il possible de vivre sans adopter les mœurs de la
majorité ? Comment survit-on, au travers des siècles, en étant toujours et
partout repoussés ? Les Roms sont citoyens du monde sans le savoir. Ils
sont des Terriens avant d’être des Européens. Ils ont comme Etat, chacun de
ceux où ils résident. En réalité, les Roms posent des questions universelles.
Leur résilience, face à tous les régimes politiques, depuis des siècles, reste
un mystère. Mais mieux encore, ils posent les questions de ce temps. Celle des
rapports de l’homme à la Terre, à la nature, au travail… Celles de la pérennité
des cultures et de la biodiversité humaine.
Extraits de Roms de France, Roms en France: Le peuple du voyage, Jean-Pierre Dacheux, 2010.
(10 €, boutique LDH)
Journée internationale des Roms lundi: l’heure n’est pas à la fête
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire