lundi 29 juin 2015

La peur comme marchandise!






A partir des années 70, un travail idéologique prend place s'appuyant sur les menaces identifiées par la Défense nationale (subversion, fondamentalisme, incivilités, violences urbaines, mafia, trafics d'armes et de drogues, communautarisme, terrorisme). On parle d'ennemis intérieur, c'est une sorte de guerre dans la population.
« Afin de faire collaborer les classes populaires avec la répression, l'idéologie sécuritaire insuffle la peur, pour mettre en place un ordre sécuritaire militaro-industriel avec un système de contrôle où coûts et profits sont rationalisés… Les idéologies sécuritaires orientent en réalité des stratégies politiques susceptibles de profiter à ces industries. »(1)

« La peur a la particularité de s'entretenir elle même si on la passe sous silence, mais aussi de se propager si on en parle. Le politique se sert généralement de la peur, sans chercher à la démonter. Il peut la nier, l'utiliser ou la consacrer c'est à dire en faire une composante intangible du contexte social. Il s'appuie sur elle pour élaborer des lois et des règles qui visent à obtenir une obéissance civique en utilisant l'irrationnel plutôt que la raison… Le débat est un moyen de dépasser la peur. »(2)

L'idéologie sécuritaire est chargée de désigner les nouvelles menaces et de légitimer le développement des marchés de contrôle. La surveillance et l'enfermement jusque là réservés à l’État deviennent des marchés (prisons, caméras, sociétés de sécurité, centres de rétention pour migrants, boites noires).
Les idéologues comme Alain Bauer tendance Rocardienne, le Monsieur Fichiers de Polices sous Sarkozy, joue un rôle prédominant dans la promotion d'une idéologie sécuritaire au sein du P.S. Il n'a pas peur de collaborer avec Xavier Raufer l'un des fondateurs d'« Ordre Nouveau », activiste néofasciste, avec lequel il publie plusieurs livres, annonçant toujours plus de menaces.
Les sociétés de sécurité entretiennent souvent des liens étroits avec l’extrême droite, à l'exemple du « 104 » haut lieu culturel parisien dont l'appel d'offre a été remporté par une entreprise de sécurité privée « Vendôme Sécurité », dirigée par Axel Loustau, membre du Front National. Le service d'ordre du F.N « DPS » ne cache pas lui aussi ses liens avec « Ambassy Sécurité » qui fut gérée par Gilles Serou, lequel avec Gilles Soulas fondent la maison d'édition SEDE ainsi que la librairie néonazie l'AEncre. Ces milices ne font pas que de la sécurité, elles ont souvent servi à faire de l'espionnage, à briser des grèves ou à faire de la provocation en banlieue pour l'instrumentaliser politiquement.

Dans ce monde de terreur douce, en opposition aux société de terreur sanglante (régime totalitaire), il s'agit de garder le sentiment illusoire de liberté en livrant les humains à la surveillance des machines ( caméras, moteur algorithme dit boite noire). Comme le projet INDECT lancé en 2009 par l'Union Européenne dont le but est de supprimer toute subversion humaine. Ce projet a l'ambition d'anticiper un comportement criminel (comme les boites noires). On appelle cela l'analyse prédictive comportementale. Certaines attitudes, tics, postures, gestes brusques, pourraient former les schémas récurrents et identifiables qui précèdent un acte criminel.
Le lanceur d'alerte Edward Snowden affirme : « ces programmes n'ont jamais été conçus en réaction au terrorisme ; il s'agit d'espionnage économique, de contrôle social et de manipulation diplomatique. C'est une question de pouvoir. »
Il ne faut pas oublier que si le sentiment d'insécurité (donc la peur) augmente avec la précarisation et l'isolement social, il disparaît quand s'organise l'entraide et la solidarité… et le débat.

Mireille Spiteri

(1) Mathieu Rigouste, Les Marchands de peur, Libertalia, 2013.
(2) Denis Kermen, Débat « Libertés et dérive sécuritaire » LDH Rennes, 04 mai 2015.


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