dimanche 28 février 2016

Notre- Dame -des- Landes : C Q F D mensuel de critique et d'expérimentation sociale


HIVER CHAUD BOUILLANT SUR LA ZAD

Notre-Dame-des-Landes : L’assemblée 
des salamandres


paru dans CQFD n°140 (février 2016), rubrique , par Nicolas de La Casinière, illustré par 
mis en ligne le 22/02/2016 - commentaires
Taper au portefeuille des derniers paysans de Notre-Dame-des-Landes qui refusent de partir n’a pas marché. Et face aux menaces d’expulsions, la résistance fourbit son sens de l’autodéfense.
A gauche, un tracteur démonté, béquillé sur un gros billot de bois. Il manque une roue. À droite, une banderole « Améliorez l’existant, préservez l’avenir », un paquet de pancartes « Non à l’aéroport ». Au milieu, deux vaches en contreplaqué veillent sur l’assemblée du mouvement, 300 personnes bien serrées. Le hangar ne ferme que sur trois côtés, mais au QG de la résistance, nommé La Vacherit en clin d’œil à la bergerie du Larzac, on se tient chaud.
La veille, 25 janvier, un juge a décidé l’expulsion, ou plutôt l’« expulsabilité », des quatre irréductibles paysans et de onze familles qui ont refusé de composer à l’amiable avec Vinci, ainsi que le chèque pour partir de la Zad. Jusqu’ici, la justice les avaient épargnés. « L’État a posé le geste le plus coûteux politiquement : rendre expulsables les paysans historiques », analyse l’assemblée. La lutte contre l’aéroport et son monde entre dans un espace-temps de crispation.
Les contraintes environnementales agacent sérieusement les promoteurs du projet, avec ces dates butoirs, ces périodes légales de protection de la faune et de la flore interdisant de couper les arbres, de toucher aux mares, aux ruisseaux. Le calendrier administratif les rend aussi impatients : il leur faut absolument démarrer les travaux, au moins un peu, mais vite, sous peine de devoir reprendre à zéro les procédures d’expropriation en janvier 2017, et surtout voir la déclaration d’utilité publique du projet d’aéroport devenir caduque en février 2018.
Photo de ValK. {JPEG}
Contraintes sans astreinte
Les partisans du projet claironnent que ces paysans expulsables lèvent le dernier obstacle avant les bulldozers. Cette décision de papier n’a pourtant pas dû être célébrée à la préfecture ou chez Vinci. C’est même une défaite. Vinci n’a pas obtenu l’astreinte financière réclamée ; 200 euros par jour et par dossier. Bâtiments de ferme, hangars, terres : certains cumulaient quatre dossiers. Le juge n’a pas accordé cette sanction financière individualisée qui aurait forcé les paysans à partir d’eux-mêmes, atteints au portefeuille, sans besoin de gendarmes enlisés dans la boue du bocage. C’était pourtant une arme redoutable, les paysans craignant d’avoir à se poser la question : « On en est à combien à payer aujourd’hui ? » Ils l’avaient avoué : ils n’auraient pas tenu longtemps. Désormais, tous les résistants sont pareillement expulsables, sans traitement de défaveur. Les fermes occupées de Bellevue le sont « sans délai » depuis octobre 2013 et avril 2014. Ça soude un peu plus. « On est devenu comme nos voisins occupants », note Marcel Thébault, un des éleveurs laitiers ciblés par le dernier jugement. Même si une fois passé le délai de deux mois avant que l’expulsion ne soit applicable, « pas sûr que nos enfants dorment bien… »
Photo cocktail des anciens
L’assemblée s’interrompt pour lire les déclarations de Valls de l’après-midi. Son baratin sur la nécessité de l’aéroport rase-bocage ne varie pas, mais avec un changement de date : les travaux annoncés début 2016 seraient reportés à l’automne. Pas si sûr. Tout le monde est aux aguets pour défendre la Zad, tout de suite. On parle du risque d’avoir à faire face à un camp fortifié gardé par des gendarmes, stratégie utilisée dans le Val-de-Suze pour démarrer les travaux du train grande vitesse Lyon-Turin. Un septuagénaire fait une démonstration de lance-pierres avec un système de glaçons dans du papier alu, pleins de peinture « pour aveugler les flics », et propose que « les personnes de [sa] génération posent en photo, à visage découvert, avec des cocktails molotov, on s’en fout d’être reconnus ». Un barbu rigolard propose de «  faire un black block de 50 000 personnes ». Péages gratuits, forêt plantée en quelques heures dans un bitume sensible, construction de tours de vigie et de défense s’envisagent très concrètement. Certains veulent cibler les lieux de pouvoir, de consommation de masse, de «  flux de transport à fort impact économique », comme diraient des technocrates. Un appel à mobilisation massive le 27 février est lancé, mais où ? Dans Nantes, autour de la ville comme lors du blocus du périphérique le 9 janvier, mené par plus de 400 tracteurs et quelque 20 000 piétons et cyclistes ? Préférer se retrouver dans le périmètre de la Zad ? « Si on est nombreux, ça craint pour les salamandres… Et attention à l’entre-soi. On ne gêne personne sur la zone », dit une zadiste. « Mais si, faut occuper la Zad et se montrer, comme j’ai occupé mon usine quand j’étais ouvrier », objecte un jeune retraité, qui a fait cent bornes pour venir à l’AG de ce soir. Occuper, c’est déjà ce qui se fait depuis plus de six ans… « Ah, mais arrêtez d’applaudir… On n’est pas au spectacle », s’agace une fille sous son bonnet, déclenchant illico une salve d’applaudissements de l’assemblée, hilare. Une équipe de fins limiers cherche l’identité de l’entreprise de débroussaillage, récemment choisie par appel d’offres, mais que la préfecture garde secret « par sécurité ». « C’est vrai, ils ont un peu du souci à se faire », sourit un zadiste.
Concorde et cohésion
Si zadistes, familles et paysans exploitants sont expulsables, personne ne partira de soi-même. Même Alphonse Fresneau, 84 ans, concerné par cette dernière décision de justice, a dit : « Je reste ! » C’est l’un des premiers paysans à s’être élevés dans les années 1970 contre ce projet d’aéroport imaginé par d’éminents technocrates voulant éviter au Concorde de passer le mur du son au-dessus des campagnes françaises en ne déchaînant ses réacteurs qu’après l’escale nantaise.
Quarante-cinq ans après, dans cette agitation d’assemblée générale, une certaine concorde règne pourtant. Toutes les composantes sont là. Malgré les disparités, les sensibilités et les options stratégiques, malgré les tentatives de division orchestrées par le préfet et reprises par les médias, la cohésion tient solidement entre paysans historiques et zadistes, le collectif de paysans Copain, l’association citoyenne Acipa, la coordination qui intègre syndicats et groupes politiques, le groupe d’élus CéDPa, les Naturalistes en lutte, les comités anti-aéroport de toute la France, récemment ravivés après des mois de sommeil.
Cette union solidaire ne fait pas les affaires de l’État, des élus droite-gauche et des patrons du lobby local du BTP. Quand ils parlent de la Zad, on croirait entendre les Versaillais cracher sur la Commune de Paris. Alors ministre de l’Intérieur, Valls avait parlé de « kyste » à éradiquer. L’ex-président PS de région, Jacques Auxiette, voulait « karcheriser » la zone et y rejouer, «  comme au Mali », l’opération Serval. Son successeur, Bruno Retailleau, LR, ex-villiériste, exige le retour à «  la suprématie de la loi de la République sur la loi de la jungle » pour régler la « situation anarchique qui règne ».
Un bien commun des luttes
Plus qu’un persistant obstacle à un grand projet, c’est ce que représente la Zad qui les gêne, avec ses potagers collectifs, ses tonnes de patates et d’oignons produits, son blé qui nourrit la meunerie et la boulangerie, ses assemblées autogestionnaires. La Zad constitue d’ores et déjà un bien commun des luttes. Un espace précieux, construit sur plusieurs années, qui a su développer la solidarité avec les migrants de Calais, des passerelles vers les quartiers populaires, avec les luttes en Russie, en Italie, en Angleterre. L’insoumission bouillonnante s’y passe allègrement de police, de juges, de conseils municipaux, de chambres d’agriculture. Le partage, l’entraide, d’autres manières de bâtir sans permis de construire, de cultiver sans acte notarié, de se nourrir en marge du capitalisme. Pour les partisans de l’ordre, mater cette résistance est peut-être plus urgent que couler leur béton prometteur de dividendes.
Samedi 27 février 2016
UNE MAREE HUMAINE DE PLUS DE 50.000PERSONNES
68 CARS SE SONT EN DEFINITIF DEPLACES DE TOUTE LA FRANCE
pendant que la préfecture qui annonce  15.000 fait -une nouvelle fois- "bien sourire" (mais irrite aussi) tous ceux qui étaient présents ce samedi .
 

vendredi 26 février 2016

Greve de la faim au centre de rétention de Rennes St Jacques





La section de la Ligue des droits de l’Homme du Pays de Redon s’associe au communiqué de la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Rennes. Elle affirme son soutien aux grévistes du Centre de Rétention de Rennes Saint-Jacques et s’indigne des multiples violations des droits humains fondamentaux. 
 

Redon le 26 février 2016,


CENTRE DE RETENTION DE RENNES. Soutenons les grévistes !
                                                                                                          
Le 18 février, une jeune femme enfermée au centre de rétention a fait une fausse couche au Cra en dépit de sa demande insistante d’être transportée à lpital pour y recevoir des soins.
 
Le 23 février, un homme désespéré a tenté de mettre fin à ses jours
                                                                                                          
Encore une fois un retenu a été reconduit en dépit de la présence de sa famille sur le territoire français.
 
Les retenus du centre de rétention de Rennes ont décidé une grève de la faim  et demandent  le respect de leurs droits fondamentaux.
 
Expulsions, évacuations, arrestations, enfermements, la politique migratoire de la France est non seulement insupportable mais a aussi démontré son inefficacité.
 
La section de Rennes de la Ligue des droits de l’Homme appelle au soutien des grévistes de la faim du Cra.

 
  La section de redon.

mardi 23 février 2016

Reconnaissez les Droits des Peuples Amérindiens de Guyane Française




La LDH vous invite à signer la pétition demandant la reconnaissance des droits des peuples amérindiens de Guyane française

"La Guyane est un Département français d’outre-mer, situé en Amérique du Sud, et dont les premiers habitants, environ 10.000, se répartissent sur le littoral urbain et l'intérieur du Parc amazonien en sept nations Amérindiennes : Tɨlewuyu (Kali'na), Paykweneh, Wayãpi, Wayana, Teko, Lokono (Arawak) et Apalaï.
Je m'appelle Alexandre, je suis un jeune métis Tɨlewuyu engagé dans la reconnaissance de la culture et des droits autochtones. 
Si j'ai décidé de lancer cette pétition, c'est dans le but de poursuivre l'oeuvre de feu mon grand-père, chef coutumier du village Paddock, qui n'avait pas peur de s'adresser aux représentants de l'Etat pour porter la voix de ses habitants.

Au vu de l'urgence, l'Etat ne peut plus fuir ses responsabilités et ignorer la diversité de ses communautés. La France doit apporter des solutions adaptées, rapides et concrètes à ses citoyens sur l'ensemble de son territoire.
Soyons responsables, soyons humains, et agissons au nom des droits de l'Homme."

lundi 22 février 2016

Calais : Non le malheur des migrants ne fait pas le bonheur des français !

Calais : les bulldozers ne font pas une politique !

Une fois de plus, l’unique réponse qu’envisagent les pouvoirs publics face à la situation dans le Calaisis, c’est l’évacuation d’un camp de réfugiés, et leur dispersion. On feint de s’attaquer aux causes réelles du problème ; mais en réalité, en s’en prenant aux victimes condamnées à se disperser dans la peur, cette politique ne fait que le déplacer et l’aggraver. Cette « solution » n’en est pas une.

Aux huit organisations qui ont adressé une lettre ouverte à Bernard Cazeneuve pour lui demander de surseoir à l’évacuation programmée d’une grande partie de la « jungle » de Calais, le ministre de l’Intérieur vient d’adresser une réponse qui est une fin de non-recevoir : il justifie sa décision à coups de propos incantatoires sur le respect des droits fondamentaux des migrants et le bien-fondé de politiques qui ne varient pas depuis des années, malgré leur échec évident ; et il rappelle aux associations leur « partenariat » avec l’État comme pour les impliquer dans la politique qu’elles contestent. Dans la foulée, la préfecture du Pas-de-Calais vient de publier un arrêté ordonnant aux occupants de la zone sud du bidonville, dite « la Lande », de quitter les lieux mardi 23 février au plus tard.
Les bulldozers ne peuvent pas tenir lieu de politique. Cela n’implique évidemment pas de nous accommoder d’une « jungle » dont le nom dit tout. Personne ne saurait accepter le maintien en l’état du bidonville de Calais, pas plus que du camp de Grande-Synthe, ni d’aucun autre. Personne ne peut se satisfaire de voir des réfugiés contraints de survivre dans de tels lieux.
Depuis des années, nous ne cessons d’ailleurs de dénoncer l’indignité de ces conditions de vie,comme l’a fait également Jacques Toubon, le Défenseur des droits, l’été dernier. Plus récemment, le tribunal administratif de Lille a même condamné l’État à procéder en urgence à des améliorations, décision confirmée par le Conseil d’État.
Pour autant, il n’est pas question non plus de cautionner l’évacuation annoncée, non seulement parce qu’elle est inhumaine, mais aussi parce qu’elle ne résoudra rien. Chasser les habitants d’une large partie du bidonville, y faire passer des bulldozers et détruire tout ce qui, dans la précarité et avec les moyens du bord, a été construit au fil des mois : à quoi bon ?
Les migrants qui se trouvent dans le Calaisis veulent souvent rejoindre des proches en Grande-Bretagne. D’autres seraient en droit de demander l’asile en France mais ils ne le savent pas toujours, ou bien ils se méfient de l’accueil qui leur serait réservé. D’autres encore attendent une réponse à leur demande. Parmi eux, il y a beaucoup d’enfants... Or pour plusieurs catégories de migrants, il existe des solutions inscrites dans les textes, avec des dispositifs, des acteurs, des fonds alloués à cet effet. Elles auraient pu être mises en œuvre depuis longtemps déjà.Au lieu de s’y atteler, les pouvoirs publics ont préféré procéder à des « démantèlements » successifs. En 2015, ils ont contraint les migrants ainsi délogés à s’installer dans une zone « aménagée » pour eux. Bref, ils ont déjà défait ce qui se faisait, forçant ceux qu’ils chassaient à vivre dans une précarité plus grande encore.
Aujourd’hui, la partie principale du bidonville d’État de Calais est constituée de tentes et d’abris sommaires, bâtis par les réfugiés avec des bénévoles de différentes associations. Dans ces quelques kilomètres carrés sont nés peu à peu des cafés ou des restaurants de fortune, de minuscules épiceries, des lieux de culte de différentes religions, de toutes petites écoles, un théâtre sous chapiteau, une cabane d’aide juridique, plusieurs endroits dévolus à des soins, etc. Autant d’espaces de vie sociale, partagés par les réfugiés des différentes nationalités présentes dans le bidonville.
Qu’est-ce qui justifie de raser tout cela ? Le ministre veut convaincre que c’est pour le bien des occupants. En réalité, c’est une politique de dissuasion : rendre la vie invivable aux réfugiés. À ceux qu’ils ont hier installés dans cette zone, les pouvoirs publics enjoignent depuis des semaines d’occuper des conteneurs – sortes d’Algecos – ou sinon d’être dispersés loin de Calais, dans des CAO (centres d’accueil et d’orientation), baptisés « lieux de répit ».
Or c’est une alternative impossible.

Le ministre vante les mérites des conteneurs, qui sous sa plume semblent des bungalows pour vacanciers. Le fait est qu’il s’agit de cabanes de chantier, avec dans chacune des lits superposés pour douze personnes, où l’on ne peut qu’être debout ou couché ; toute installation de mobilier y est interdite, toute intimité impossible...
Concernant les CAO, le ministre se félicite de ce qu’ils permettraient aux migrants, grâce à « un accompagnement associatif de qualité » et à « un suivi particulier » des personnes, de déposer des demandes d’asile dans de bonnes conditions, ce qui n’était pas le cas dans le bidonville. « Au dernier recensement », écrit-il, « 80 % des migrants encore présents en CAO étaient engagés dans une démarche d’asile »... Il oublie de parler de ceux qui, mis en hôtel, sont privés de tout accompagnement et risquent une prochaine expulsion du territoire. Il oublie aussi de préciser que les CAO ont été conçus comme des solutions à très court terme ; après leur fermeture, qu’adviendra-t-il des personnes qui y auront été envoyées ?

Conteneurs, CAO ; expulsion, dispersion ; ces réponses ne feront qu’aggraver le sort des migrants sans régler pour autant le problème auquel est confrontée la région du Calaisis, pas plus qu’en son temps la fermeture du camp de Sangatte. Et dans un an, on nous rejouera la même scène. Car c’est avant tout l’inaction des pouvoirs publics, mais aussi leur action, qui, en créant des conditions de vie impossibles, rend la situation ingérable. L’État veut nous faire croire qu’il prend le parti des habitants contre les réfugiés ; en réalité, il monte les premiers contre les seconds en abandonnant les uns et les autres.
Il faut cesser de chasser de jungle en bidonville toute la misère du monde, persécution qui ne fait qu’exaspérer le ressentiment des « riverains ». Non, le malheur des migrants ne fera pas le bonheur des Français, pas plus à Calais qu’ailleurs. En réalité, laisser se dégrader la situation est plus pénible pour les populations du Calaisis, et plus coûteux aussi pour les pouvoirs publics, que s’employer à l’améliorer. L’humanité la plus élémentaire nous interdit ces destructions à répétition ; mais notre intérêt bien compris aussi.
Ce pays peut-il se satisfaire de devenir le champion du non-accueil, alors que les réfugiés y sont moins nombreux qu’ailleurs ? Ce que d’autres pays font déjà, la France doit pouvoir le faire. La Grande-Bretagne, qui porte une lourde responsabilité dans cette situation, doit elle aussi revoir sa position à cette frontière. Il faut en finir avec l’improvisation perpétuelle ; il est temps de penser dans la durée. Et si l’État ne fait pas son travail, nous allons y travailler nous-mêmes – avec les associations sur le terrain, avec les habitants du Calaisis et avec les réfugiés.
Les jours prochains, nous irons à Calais pour le clamer haut et fort : nous ne sommes pas condamnés à choisir entre la « jungle » et sa destruction. Nous refusons de réduire la France à des barbelés et des bulldozers. Nous tiendrons une conférence de presse. Nous voulons faire entendre un autre discours que celui des pouvoirs publics qui occupent les médias. Détruire, dit la Préfète ? Avec, sans ou contre l’État si nécessaire, il faudra pourtant bien construire un avenir.

Une fois de plus, nous, organisations signataires et personnes solidaires, demandons :
  • que soit annulé l’arrêté d’expulsion pris le 19 février ;
  • en urgence : une prise en charge individuelle respectueuse des droits fondamentaux des personnes actuellement présentes à Calais ;
  • une discussion du règlement Dublin III et des Accords du Touquet ;
  • plus largement, que la France s’engage enfin, en particulier en faisant la promotion de cet axe au sein de l’Union européenne, pour une véritable politique d’accueil des personnes migrantes.

22 février 2016

lundi 15 février 2016

Etat d'urgence, continuons à peser dans le débat

En adoptant à la majorité qualifiée la réforme constitutionnelle proposée par François Hollande, trois cent dix-sept parlementaires ont donc accepté d’inscrire, dans la Constitution, l’état d’urgence et la déchéance de nationalité. Ce vote, obtenu après d’interminables bricolages rédactionnels, vient souligner combien une politique de la peur, méthodiquement entretenue, a pu peser sur la quasi-totalité d’un champ politique transformé en chambre d’enregistrement du bon vouloir présidentiel. Ce projet de réforme constitutionnelle risque par ailleurs de continuer à diviser profondément la société, quand l’objectif devrait être de rassembler pour mieux lutter contre le terrorisme.

La LDH s’est frontalement opposée à ce projet, qui abîme la République. Avec d’autres, elle a manifesté son opposition dans la rue et, par le biais de ses sections locales, elle s’est adressée aux parlementaires afin qu’ils mesurent l’importance de leur choix. Le vote à l’Assemblée a montré que les efforts déployés par la société civile ont porté leurs fruits, dans la mesure où ils ont mis en échec un consensus que l’exécutif croyait acquis.

D’autres combats s’annoncent, dans les semaines qui viennent. Ils concernent la réforme constitutionnelle qui va maintenant être soumise au vote du Sénat, mais aussi la réforme de la procédure pénale et une nouvelle modification de la loi de 1955. Pour la LDH, ces projets sont autant de dangers pour les libertés et ils portent en eux le germe de graves atteintes aux fondements mêmes de la démocratie. Elle attire l’attention des députés sur leur responsabilité particulière à cet égard et leur demande de se reprendre, à l’occasion des engagements qu’ils auront à assumer au nom des citoyennes et citoyens.

La LDH continuera à informer, à débattre, à faire vivre le débat citoyen, partout en France, et avec tous ceux et toutes celles qui refusent de sacrifier leurs libertés au nom d’une hypothétique sécurité.

dimanche 7 février 2016

Echanges avec le député

Mesdames,

Vous avez attiré mon attention sur le projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation et plus particulièrement sur la question de la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour des faits de terrorisme.

J’ai co-signé trois amendements sur ce sujet qui seront débattus à partir du vendredi 5 février dans l’hémicycle. Nous proposons à travers ces amendements de supprimer l’article 2 relatif à la déchéance de nationalité et de le remplacer par un principe de déchéance de citoyenneté, consistant à priver les terroristes de droits attachés à la nationalité tels que les droits civiques, sociaux ou familiaux. Cette peine aurait l’avantage de s’appliquer à l’ensemble des citoyens français reconnus coupables de crimes ou délits graves de terrorisme.

Vous trouverez ces amendements ci-joints. A l’issue du débat parlementaire je vous ferai part plus en détail de ma position sur le texte qui, de toute façon, fera l’objet d’une navette entre l’Assemblée Nationale et le Sénat pour arriver à un texte commun.

Veuillez recevoir, Mesdames, mes sincères salutations.

Jean-René Marsac

Député d'Ille-et-Vilaine


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Redon le 5 février 2016





Monsieur le Député,


Nous vous remercions pour la réponse que vous apportez à notre lettre ouverte du 29 janvier sur le projet de révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité. Nous avons lu avec intérêt les amendements que vous avez signés.

Par votre signature vous refusez cette logique de division entre français qui met en danger la cohésion de la société française. En proposant en remplacement une peine de déchéance de citoyenneté prononcée par un juge, vous vous refusez à créer une distinction de droit entre français ou en supprimant simplement l'article 2 du projet de loi. La déchéance de citoyenneté aurait l’avantage de pouvoir s'appliquer à tout citoyen, qu'il soit français par naturalisation ou par droit du sol, binational ou non. La privation élargie des droits civiques existe déjà dans le code pénal. Par là, la société signale le caractère d'indignité nationale. Si on naît français, on ne naît pas citoyen on le devient par le droit de vote à 18 ans.

Cependant, sur la reconduction de l’État d'urgence, vous n'êtes pas sans savoir que le Conseil d’État a rejeté toutes les demandes de la LDH. En considérant que le maintien de l’État d'urgence se justifie par la persistance de la menace d'attentats et « les opérations militaires extérieures de grandes envergures ». Le Conseil d’État justifie le maintien de cette situation pour de longues années. l’État d'exception ne peut être un mode de gouvernement.

En statuant ainsi le Conseil d’État accepte qu'un gouvernement mette nos libertés entre parenthèses pour une durée indéterminée. Il crée un état d’exception permanente, le principe d'un État d'urgence constitutionnalisé et extensible à chaque nouvelle déclaration et sur le même modèle : perquisition à toute heure, assignation à résidence, interdictions de rassemblement et de manifestation. Ces mesures fragilisent la justice et la séparation des pouvoirs et instaurent un climat de peur permanent.
Durcissement des lois pénales, écartement du juge judiciaire, renforcement des pouvoirs du préfet et de la police, l’état d’urgence constitutionnalisé donne également à la police l'accès à plusieurs techniques intrusives du Renseignement, accélérant la dérive observée depuis plusieurs années vers une surveillance de plus en plus accrue des citoyens.

La Ligue des droits de l'Homme, indépendante des partis politiques, du gouvernement, des pouvoirs locaux, s'appuie sur sa culture militante locale et nationale pour défendre les libertés fondamentales.

Nous avons conscience que les parlementaires (députés, sénateurs) qui vont avoir à voter la loi sur la réforme constitutionnelle ont besoin d'être soutenus par les citoyens afin de s'opposer avec courage à ces propositions.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Député, nos respectueuses salutations Républicaines. 


Cécile Batard                                                       Mireille Spiteri
Présidente                                                            Présidente d’honneur



mercredi 3 février 2016

Lettre ouverte à M Marsac Député de la 4ème circonscription d'Ille et Vilaine



Lettre ouverte à Monsieur Marsac
Député de la 4ème circonscription d'Ille et Vilaine

Redon, le 29 janvier 2016



Monsieur le Député,


Vous serez amené comme parlementaire à vous prononcer sur le projet de révision constitutionnelle incluant la déchéance de nationalité pour les français-es (bi-nationaux), bien que le terme n'apparaisse plus, ainsi que pour la prolongation de l'état d'urgence.
Comme vous, nous avons été meurtris par les attaques terroristes qui ont frappé la France. Nous vous interpellons aujourd'hui, par cette lettre, afin que par votre vote vous vous opposiez à la révision constitutionnelle.

Cette mesure n'est d'une efficacité que tout le monde s'accorde à reconnaître que symbolique et ne touche qu'un nombre infime de terroristes .Ce n'est cependant pas symbolique pour les 3,3 millions de personnes ayant la double nationalité.
Nous citerons le préambule de la constitution du 27 octobre 1946 :

"Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance possède des droits inaliénables et sacrés."

Article 1er : La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale.Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens , sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

Introduire dans la constitution la déchéance de nationalité serait une atteinte grave contre la république, ruinant son principe d'égalité de tous les citoyens sans distinction d'origine.
C'est une atteinte au droit du sol qui fait de tous ceux nés en France des Français.
Droit remis en question par l'extrême droite et une certaine droite et défendu par bien des forces républicaines.
Une telle concession au front national ne peut que diviser encore plus le pays. C'est ressusciter une idéologie de l'exclusion et de la purification (les bons et les mauvais français.)

Après le discours de Grenoble de Mr Sarkozy, Mr François Hollande a signé cet appel de septembre 2010: " Sous le faux prétexte d'assurer la sécurité des français, le pouvoir tend en fait à imposer une idée, aussi simple que malhonnête : les problèmes de notre société seraient le fait des étrangers et des français d'origine étrangère." "Non à l'extension des possibilités de déchéance de nationalité"

Pas plus que l'état d'urgence que le gouvernement projette de prolonger, qui n'a pas vocation à devenir un état permanent et dont les conditions de la mise en oeuvre ne sauraient entraver la démocratie sociale, l'exercice de la citoyenneté et le débat public.
Nous réaffirmons que nous ne pouvons brader nos principes sous prétexte de peur, que nous ne céderons pas et défendrons nos libertés fondamentales.

Nous vous prions, Monsieur le député, de bien vouloir agréer nos respectueuses salutations républicaines.


Mme Batard Cécile                                 Mme Spiteri Mireille
Présidente                                               Présidente d'honneur




L.D.H. Section du Pays de Redon Centre social, 5 rue Guy Pabois, 35600 Redon.
Contact: ldhredon@gmail.com 06 16 95 29 44