samedi 6 décembre 2014

FRANCOPHONIE- FRANCAFRIQUE



Dimanche 30 novembre 2014 l'Organisation Internationale de la Francophonie (O.I.F) tenait son sommet à Dakar. Avec 274 millions de francophones dans le monde, l'Afrique est le premier continent francophone.
Si le français a d'abord été pour les Africains la langue de l'oppression coloniale, force est de constater qu'aujourd'hui une création littéraire, cinématographique, musicale de grande qualité  rend compte des multiplicités culturelles. Cependant dans les pays où le français est la langue officielle des médias, des affaires, de l'administration et de l'enseignement,seule une petite minorité en possède la maîtrise car la langue française est ignorée de la grande majorité des populations. Il se crée ainsi une élite coupée des réalités et intérêts populaires (déni démocratique). Domination linguistique mais aussi économique et … militaire.
Les politiques menées, inféodées à la France, Belgique, Canada, Luxembourg, génèrent des flux migratoires mortifères. Les intérêts vitaux des états africains francophones ne sont pris en compte qu'afin de faire fructifier des échanges inégaux. Mainmise des multinationales françaises sur les secteurs clés des économies africaines : mines (contrat sur l'uranium au bénéfice d'Areva conclut par le président Sarkozy en 2009 à Kinshasa), mainmise sur l’électricité, l'eau potable, les communications, les infrastructures, les transports, les banques. Les entreprises minières canadiennes, pillent allègrement le Congo. 
La canadienne Michaëlle Jean est à la tête de la francophonie. Pour la première fois de l'histoire de l'O.I.F un pays du nord en prend la direction. 
Nous avons entendu la voix de la ministre des affaires étrangères du Rwanda Louise Mushikiwabo qui regrette le ton paternaliste du chef de l’État français: « je trouve ça gênant qu'un président qui est avec ses pairs, ici au sommet de la Francophonie ne vienne pas discuter avec eux, mais dicter ce qui devrait se passer dans leur pays ».

Nous nous devons de faire prévaloir le respect et la dignité des peuples africains.


Mireille Spiteri




Communiqué LDH
Paris, le 27 novembre 2014

Il y a soixante-dix ans, massacre à Thiaroye (Sénégal) : la France doit reconnaître ses responsabilités


Il y a soixante-dix ans, à Thiaroye, près de Dakar, plusieurs centaines de tirailleurs africains démobilisés qui demandaient le paiement de leur solde de captivité, prévue par les textes en vigueur à leur départ de France, ont été qualifiés de « mutins ». La Ligue des droits de l’Homme demande à la France de reconnaître les faits et d’assumer ses responsabilités.

Ces faits sont établis. Des dizaines de soldats ont été tués et blessés, d’autres condamnés. Ils étaient de retour en Afrique après avoir été appelés en 1940, pour défendre la France, puis détenus sur son territoire par les nazis qui refusaient qu’ils le soient en Allemagne. Le 1er décembre 1944, ils ont subi une répression brutale qui a fait plusieurs dizaines de morts, suivie d’un procès où trente-quatre d’entre eux ont été lourdement condamnés.

Le silence officiel sur cet événement a commencé à être levé en 2004 par les déclarations de l’ambassadeur spécial, Pierre-André Wiltzer, dépêché à Dakar par le président Chirac pour la première Journée du tirailleur. Puis, par celles du président Hollande qui, avant de se rendre au Sommet de la francophonie de Kinshasa, a regretté à Dakar, le 12 octobre 2012, cette « répression sanglante ». Les recherches récentes des historiens, notamment celles de l’universitaire Armelle Mabon, de l’université de Bretagne-Sud-Lorient, et d’un chercheur auteur d’une thèse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Martin Mourre, conduisent à une meilleure connaissance des faits et amènent la Ligue des droits de l’Homme à demander aux autorités françaises de reconnaître clairement les injustices commises.

Plus d’un millier de tirailleurs embarqués à Morlaix, le 5 novembre 1944, sur le « Circassia », et arrivés le 21 novembre, à Dakar, ont été spoliés des trois quarts de leur solde de captivité prévue par les textes officiels. Et quand, le 28 novembre, ils ont demandé à recevoir ce qui leur était dû, ils ont été considérés en état de rébellion. L’armée a ouvert le feu sur eux, et justifié cette répression en prétextant des tirs de leur part.

En réalité, à ces tirailleurs qui avaient passé plus de quatre années en France, lié connaissance avec des Français de métropole, et, pour certains, rejoint des groupes de Résistants après le débarquement de Normandie, il s’agissait de faire comprendre qu’ils devaient réintégrer en Afrique française leur statut d’indigènes. Pour cela, selon le mot du général commandant les troupes coloniales à Dakar, un « coup de bistouri » douloureux était nécessaire. Comme lors des massacres de Sétif et Guelma en Algérie, quelques mois plus tard, il s’agissait d’ôter à ces colonisés toute idée d’émancipation.

Soixante-dix ans après, la LDH estime que la France s’honorerait à reconnaître clairement les faits. A l’occasion du Sommet de la francophonie à Dakar, elle demande aux autorités françaises :

- de rendre publique la liste nominale des tirailleurs à bord du navire « Circassia » parti de Morlaix, le 5 novembre, et arrivé à Dakar, le 21 novembre 1944 ;

- de reconnaître la spoliation dont ont été victimes ces tirailleurs des trois quarts de la solde de captivité qui leur était due ;

- d’exprimer les regrets officiels de la France pour la répression qui les a frappés à Thiaroye, le 1er décembre 1944 ;

- de rendre publics les noms des morts et des blessés qu’elle a faits parmi eux ;

- de s’engager au paiement aux descendants de ces tirailleurs du complément de solde dont ils ont été spoliés ;

- de transmettre à la Cour de cassation la demande d’annulation sans renvoi des condamnations prononcées en février 1944 par le tribunal de Dakar.